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Nick Anderson, quatre lancers et un enterrement

NBA – Nick Anderson fut le premier joueur de l’histoire drafté par le Magic d’Orlando, en 1989. Michael Jordan faisait de lui son successeur potentiel et tout allait pour le mieux jusqu’en 1995. Onze secondes et quatre lancers-francs allaient changer le cours de l’histoire à tout jamais…

Nick Anderson
La dernière fois que Nelison Anderson, dit Nick Anderson, a vu son meilleur copain et partenaire de lycée, Benjy Wilson, c’était un jour ensoleillé mais glacial. Le vent balayait l’avenue South Vincent, à Chicago, ce mardi 20 novembre 1984. Comme tous les joueurs de la Simeon Vocational High School, les deux compères se rendent dans une cafétéria. Devanture en brique, quartier malsain. Nick et Ben ont pourtant leurs habitudes dans ce coin qui a tout du ghetto. Wilson, 17 ans, est considéré comme le meilleur basketteur du pays à son âge. Il vient de remporter le titre de l’Etat d’Illinois avec son lycée. Anderson est plus jeune d’un an.

Ensemble, ils ont projeté de s’inscrire à l’université d’Illinois. Inséparables, ils se lancent sans cesse des défis en un contre un que Ben remporte huit fois sur dix sur les playgrounds de la « Windy City ». Dix ans plus tard, Nick Anderson est le guard du Magic d’Orlando. Et quoi qu’il arrive, il n’oubliera jamais ce maudit jour de novembre.

« J’étais en train de m’acheter des bonbons dans une boutique quand j’ai entendu un bruit de foule dans la rue. Au départ, j’ai pensé à un banal accident de voiture. Puis un type s’est mis à crier : « Ben’s been shot ! » (On a tiré sur Ben !) Je me suis précipité dehors. Ben suffoquait dans une mare de sang. Il avait eu le malheur de croiser deux types de son âge, armés, qu’il avait malencontreusement bousculés. L’ambulance est arrivée très vite. Avec mon père, on a attendu le verdict toute la nuit. Les médecins se sont battus pour le sauver. Je pleurais tout le temps. A 6h du matin, Ben est mort. Aujourd’hui encore, il m’arrive de me réveiller en pleine nuit, de penser à lui, de hurler que je ne veux pas mourir. J’ai même été suivi en psychiatrie après ce drame. »

Dans le meilleur lycée de Chicago

Pour lui rendre hommage, Nick adopte le numéro 25 de son pote dès son arrivée à l’université d’Illinois (Derrick Rose, passé par Simeon et champion de l’Etat en 2006 et 2007, choisit lui aussi le 25). A Orlando, rien ni personne – pas même Shaquille O’Neal – ne pourra lui piquer ce numéro. « Ben, c’était Magic Johnson avec un jump shot d’enfer. Je pense à la carrière qu’il aurait pu avoir en NBA… »

Nick avait rejoint la Simeon High School pour jouer aux côtés du meilleur lycéen du pays. Et même s’il se tapait, par tous les temps, une bonne heure de bus pour aller à l’autre bout de la ville, il prenait du plaisir à évoluer avec Wilson. Ils s’était rencontrés sur les playgrounds et formaient parfois une triplette imbattable avec Tim Hardaway. En cette fin d’année 1994, le trio n’existe plus et Nick ne peut plus jouer sans penser à son ami. Marqué à vie, il se rend à chaque match à la Orlando Arena, avec sa Mercedes décapotable, en empruntant un chemin pour le moins bizarre.

« Je passe toujours par le quartier de Parramour. Un endroit dangereux où vivent les gangs et les trafiquants. Ça me rappelle combien il a été dur pour moi de sortir de mon ghetto de Chicago. Je ne veux pas oublier à quel point la vie que je peux mener aujourd’hui est heureuse. »

Ses frères aînés sont membres d’un gang

Il faut dire que les choses n’ont pas toujours été simples pour Nick. Ses deux frères aînés passent leur temps en prison. Chacun est membre d’un gang. Patrick dirige les Vice Lords, Robert zone avec les Black Gangster Disciples. Nick a créé sa propre fondation en réponse à cette délinquance qui l’écœure : la Boyz from the hood Foundation. S’il n’avait pas embrassé une carrière de basketteur pro, il serait devenu professeur ou policier. « Pour l’éducation », précise-t-il. C’est cette triste jeunesse qui a forgé le caractère d’Anderson. « Je me suis juré de travailler très dur pour m’en sortir. »

Alors qu’il a signé pour l’université d’Illinois, Nick est stoppé dans son ascension par de mauvais tests scolaires. Celui qui avait été nommé « Mister Basketball » durant son année senior au lycée (20.5 pts, 10.5 rbds, 5 pds et 4 cts, 25 victoires-1 défaite) doit patienter une saison. Très vite, il rattrape le temps perdu en devenant le leader de son équipe aux points et aux rebonds. Ses coéquipiers se nomment Kendall Gill et Marcus Liberty. Il mène Illinois (31-5) au Final Four 1989 à la force de ses poignets. Les Fighting Illini s’inclinent de 2 points en demi-finales contre le futur vainqueur, Michigan.

Après deux ans à la fac, Anderson s’affiche à 18 points, 7.9 rebonds et 2 passes de moyenne. Il renonce à effectuer son année senior pour tenter sa chance chez les pros. Le 27 juin à New York, Nick devient le premier joueur drafté par le Magic d’Orlando, une franchise créée la même année. Il est retenu en onzième position. Trois ans plus tard, c’est le meilleur scoreur de l’équipe (19.9 pts).

Evidemment, le Magic est à la traîne, comme toutes les franchises qui bâtissent sur un terrain nu. La consolation, ce sont les bons choix de draft qui s’enchaînent. C’est bien connu, Orlando a toujours tiré le gros lot dans les différentes loteries de sa jeune existence. Dennis Scott quatrième en 1990, Shaquille O’Neal premier en 1992, Chris Webber premier en 1993, échangé contre Penny Hardaway

L’influence d’Anderson en attaque décroît à mesure que le Magic gagne en puissance de frappe. Mais il demeure une pièce essentielle du cinq majeur. Le swingman robuste a tout connu de l’évolution de la franchise floridienne et il explique à qui veut l’entendre que le meilleur est à venir.

Lorsque Penny Hardaway débarque en 1993, Nick est contraint de changer de registre pour conserver une place dans le starting five. Il acquiert une panoplie de shoots longue distance et se met à défendre sur des ailiers bien plus forts que lui physiquement. Qu’importe, il veut gagner à tout prix. Et puis il ne faut pas sous-estimer ses talents offensifs. En avril 1993, il planta 50 points à New Jersey en sortant en banc. « L’an dernier, on s’est fait éliminer au premier tour des playoffs (ndlr : 3-0 contre Indiana en 1994). Mais je sais qu’une bonne raclée a des vertus, ça te donne une leçon. Ç’a été le cas pour moi tout au long de ma vie. »

« Michael Jordan respecte mon basket »

Désormais mature dans son jeu, Anderson peut monter le ballon, shooter à 3 points et pénétrer les défenses dans un style « Airness ». D’ailleurs, Michael Jordan himself voit en lui un successeur possible. Le soir où il a pris la décision d’arrêter la compétition, en 1993, il l’a appelé. « J’arrête mais toi, tu peux me succéder », lui dit « MJ » en substance au téléphone.

Sa Majesté a toujours apprécié Nick Anderson, autre kid de Chicago. Enormément. Peut-être parce que leurs jeux sont comparables. Michael choisit six joueurs NBA pour défendre les couleurs publicitaires de ses chaussures. Le numéro 25 est retenu dans le lot.

« C’est sympa, elles sont aux couleurs du club avec mon nom gravé derrière… », explique-t-il avec fierté. « Mike me fait confiance, c’est un grand honneur. Ça veut dire qu’il respecte mon basket. J’espère simplement être un joueur complet. Je n’ai pas envie d’être reconnu pour une seule qualité. Je veux être capable de tout faire, devenir un all around player dans le style de Joe Dumars à Detroit. »

Brian Hill, le coach, voit en Nick Anderson le joueur capable de faciliter la communication au sein du groupe, sur le terrain et en dehors.

« Individuellement, nous avons un potentiel fantastique. Mais nous devons jouer ensemble. Je pense que je suis maintenant prêt à assumer un rôle de leader, sur et en dehors des parquets. Je n’hésiterai pas à parler. »

Et celui qui compte parmi les meilleurs shooting guards de la Ligue démarre la saison 1994-95 sur les chapeaux de roue. Il a pallié l’absence de Dennis Scott à 3 points. Son style cimente le jeu floridien, faisant le lien entre Hardaway, l’artiste, et O’Neal, le destructeur. Ses qualités sont susceptibles de lui valoir une première sélection All-Star à l’occasion du rendez-vous de Phoenix. Nick loupera finalement le rendez-vous des Etoiles mais il mouille le maillot. Le 25, celui de Ben. Pour sa sixième année dans la Ligue (la sixième du Magic aussi), Anderson sort véritablement le grand jeu.

Sa moyenne de points se stabilise (15.8 pts, comme l’année précédente), il prend moins de rebonds (4.4 contre 5.9) mais il est meilleur passeur (4.1 contre 3.6) et surtout, il a la main chaude à 3 points (41.5% contre 32.2). A l’arrivée, ça donne 179 tirs primés. Dans le champ, il s’affiche encore à un excellent 47.6%. Derrière la paire Shaq-Penny, c’est une troisième option tout à fait fiable. Horace Grant, free-agent à Chicago, a choisi de renforcer le frontcourt floridien. Le titre NBA est annoncé, attendu. Orlando signe le meilleur bilan à l’Est (57-25) et s’empare du titre de la division Atlantic. Le Boston de Dominique Wilkins est expédié au premier tour des playoffs (3-1).

L’offense faite à Sa Majesté

Chicago aborde sa demi-finale de Conférence avec un avantage psychologique certain, fort du retour de Michael Jordan aux affaires. Le Game 1 a lieu le dimanche 7 mai en Floride. Le match reste indécis jusqu’à la dernière seconde. 91-90 pour les Bulls suite à un alley oop entre Toni Kukoc et Scottie Pippen.

Sur l’attaque suivante, Dennis Scott tente une passe hasardeuse pour Penny Hardaway dans le trafic. Turnover provoqué par B.J. Armstrong. 18 secondes à jouer, temps mort appelé par les Bulls. Chicago n’a plus qu’à plier la rencontre. Remise en jeu de Kukoc pour Jordan, effectuée devant le banc des Bulls. « MJ » fait un spin move pour mettre Nick Anderson dans le vent et remonte seul le parquet. Seulement, il oublie complètement le numéro 25 du Magic dans son dos…

Anderson pique un sprint et déloge la balle de sa main droite. Jordan finit au tapis en voulant la récupérer. Penny Hardaway s’empare du ballon et sert Horace Grant pour le smash. 92-91 en faveur du Magic avec 6.2 secondes au chrono. Jordan regagne le banc vexé de s’être fait doubler comme un bleu. Scottie Pippen scrute les stats du match pour ne pas avoir à penser. Dans le public, on agite des pancartes vengeresses. Jordan avait eu le tort de déclarer qu’Orlando « ne serait pas un problème »… Sur la possession suivante, « MJ » drive en tête de raquette. Il s’arrête à la ligne des lancers, saute mais renonce à shooter au dernier moment et sert Scottie Pippen ligne de fond. Le numéro 33 est en mouvement et ne peut maîtriser la balle qui sort des limites du terrain.

Possession Orlando. Faute pour arrêter l’horloge. Penny Hardaway plie la rencontre aux lancers francs (94-91). Jordan est blessé dans son amour-propre. Les Bulls prendront le Game 2 en Floride avant de lâcher les Matches 3 et 6 dans l’Illinois. « His Airness » tourne à 31 points sur la série mais c’est Orlando qui se qualifie. Nick Anderson osera ce commentaire : « (MJ) ne ressemblait pas au vieux Michael Jordan »

C’est le sentiment de beaucoup – peut-être même du principal intéressé – mais l’arrière du Magic a le tort, aux yeux de certains, de se prendre pour ce qu’il n’est pas en se permettant cette critique. Ce crime de lèse-majesté lui sera reproché. En tout cas, la formule fait mouche (la preuve, elle est restée dans les mémoires). Jordan mettra son maillot numéro 45 à la poubelle pour réapparaître avec le 23.

Onze secondes en enfer

Le Magic a besoin de sept rencontres pour éliminer Indiana et accéder à la première Finale NBA de son histoire. Houston, champion sortant, revient de loin. Les Rockets avaient abordé les playoffs avec le sixième bilan à l’Ouest. L’expérience des hommes de Rudy Tomjanovich n’a pas de prix – ils ont remporté une Finale face aux Knicks en étant menés 3-2 – mais le Magic a tout du jeune premier auquel rien ne peut résister. La jeunesse, évidemment. La fougue et l’insolence qui vont avec. Le duel Olajuwon-Shaq, comparé aux Bill Russell-Wilt Chamberlain d’antan, s’annonce équilibré mais Penny Hardaway n’a pas d’adversaire à sa taille. Le premier match a lieu le mercredi 7 juin 1995 en Floride. Olajuwon fait mieux que résister à l’ouragan O’Neal. Statistiquement, les deux pivots sont proches (32.8 pts de moyenne sur la série pour Hakeem, 28 pour Shaq) mais le Nigérian naturalisé américain dominera son adversaire direct soir après soir, dans les chiffres comme dans les esprits.

30-19 pour le Magic à la fin du premier quart-temps du Game 1. Hakeem Olajuwon a limité la casse. Clyde Drexler devient intenable. Derrière la ligne à 3 points, Kenny Smith est on fire. Après Sam Cassell et Mario Elie, c’est Robert Horry qui s’y met. Mais le Magic est toujours devant. 110-107. Onze secondes à jouer. Nick Anderson se retrouve sur la ligne des lancers francs. Il tournait à 70.4% en saison régulière. Anderson peut tranquillement renvoyer ses coéquipiers au vestiaire avec un avantage de 1-0 dans cette Finale. Son premier lancer est trop court et rebondit sur l’arceau. Le deuxième aussi mais il récupère la balle sur le rebond avec une faute en prime. Deux nouveaux lancers pour le numéro 25.

L’horloge indique 7.7 secondes à jouer. Le troisième lancer est trop long et rebondit contre la planche. Incrustation sur les télés US : Orlando a shooté à 67% en saison régulière (plus mauvaise équipe de la Ligue) et 67% en playoffs. Avec 12 lancers sur 17 réussis, le Magic atteint 71% ce soir-là. Le quatrième lancer franc de Nick est également trop long. La balle frappe la planche, rebondit sur l’arceau, heurte la tranche… et retombe. Rebond pour les Rockets. Temps mort à 5.6 secondes de la fin. Sur la possession suivante, Kenny Smith fait quitter son short à Penny Hardaway et plante un 3 points assassin en tête de raquette. Egalité 107-107 à 1.6 de la fin. Overtime. Les Rockets prennent les devants mais Dennis Scott égalise à 118-118 sur un shoot primé plein de sang-froid avec 5.5 à jouer.

Dernière possession. Le « Final countdown » d’Europe en musique de fond. Clyde Drexler récupère la balle en tête de raquette, pénètre avec Nick Anderson à ses basques et tente le finger roll. La balle rebondit sur l’arceau mais Hakeem Olajuwon saute et donne une petite tape à la gonfle. Le ballon heurte la planche avant de retomber dans le filet. 120-118 pour Houston avec 3 dixièmes au chrono. Game over. Kenny Smith a établi un record avec 7 tirs primés réussis dans un match des Finales. Nick Anderson regagne le locker room sans savoir que sa faillite aux lancers le poursuivra toute sa vie.

Essaie-t-il de tordre le coup à l’histoire en tentant 12 tirs à 3 points dans le Game 3, ce qui constitue alors un record ? Toujours est-il que Houston aligne quatre victoires et réussit le back-to-back. C’est le deuxième sweep depuis l’instauration du format 2-3-2 en 1985. Les Rockets ne sont pas seulement la première équipe à devenir championne avec le sixième bilan d’une Conférence. Ce sont les seuls à avoir battu quatre adversaires à plus de 50% de victoires en saison régulière. Ils sont aussi les premiers à remporter neuf matches à l’extérieur dans une campagne de playoffs. Sur le podium dressé au Summit pour la célébration du titre, « Rudy T » lâche une petite phrase appelée à rester dans l’histoire : « Don’t ever underestimate the heart of a champion » (Ne sous-estimez jamais le cœur d’un champion).

Le David Ginola du basket

Nick Anderson a tout le loisir de ruminer ses quatre lancers de malheur qui ont torpillé la série… en même temps que sa carrière. Pour beaucoup, ce fut le tournant des Finales 1995. L’année suivante, Michael Jordan prend une revanche éclatante en infligeant un nouveau sweep au Magic en finale de Conférence Est. Blessé durant le Game 3, Anderson est sur le flanc pour le reste de la série. Shaquille O’Neal claque la porte. C’en est fini d’Orlando (voir « Penny Hardaway, money for nothing »).

Place aux regrets éternels. Chris Webber, Vlade Divac, Peja Stojakovic et autres Mike Bibby maudiront jusqu’à leur dernier souffle le tir à 3 points au buzzer de Robert Horry dans le Game 4 de la demi-finale de Conférence Ouest 2002. Scottie Pippen et les Trail Blazers le come-back improbable des Lakers dans le Game 7 de la finale de Conférence Ouest 2000. Pour Nick, rebaptisé « Nick the brick » ou « Brick Anderson », ce sera ce 0/4 aux lancers en juin 1995. Une action qui polluera le reste de son existence.

Les 20 points d’avance d’Orlando en première mi-temps ? Oubliés. Le « tip » d’Olajuwon ? Effacé de la mémoire collective. Le public n’a retenu que les quatre briques de « la chèvre ». On pense à David Ginola qui doit encore s’expliquer sur son centre foireux qui précéda le but d’Emil Kostadinov au Parc des Princes le 17 novembre 1993 (battue 2-1 dans les dernières secondes, la France loupa la Coupe du monde 1994 aux Etats-Unis).

En 2009, Orlando est de retour en Finales NBA. « USA Today » retrouve Nick Anderson et ne peut faire l’économie d’une allusion au triste épisode vieux de 14 ans. Anderson en a marre qu’on remue le couteau dans la plaie. Qu’on résume la série et sa carrière à ses quatre lancers ratés.

« Aujourd’hui encore, les gens ne me parlent que de ça… Pendant longtemps, j’ai eu du mal à accepter les critiques. On a oublié que c’était une Finale au meilleur des sept matches. Ce n’est pas comme si tout s’était joué sur un match. J’ai répondu à toutes les questions. Je veux bien recommencer mais bon… Après cette Finale, j’ai commencé à croire que je ne savais plus shooter de lancers francs. Que je ne savais plus shooter du tout. J’ai commencé à perdre mon agressivité. J’ai mis trois ans à m’en remettre. Certaines personnes au club m’ont beaucoup aidé, notamment Chuck Daly (ndlr : nommé entraîneur du Magic en 1997). Son décès des suites d’un cancer m’a dévasté. J’adorais ce mec. A la fin de cette série contre Houston, j’ai serré les mains de mes adversaires et répondu à toutes les questions de la presse. J’ai fait face aux médias comme mon métier l’exigeait. Je suis un fan de LeBron James mais je n’ai pas compris qu’il n’en fasse pas autant après son élimination contre Orlando (ndlr : en 2009). Il ne serre la main de ses adversaires qu’en cas de victoire ? En ce qui me concerne, je ne laisserai pas une action de jeu ratée résumer ma carrière entière. »

Nick Anderson ne s’en remettra jamais !

Mais pour oublier l’inoubliable, il faut un événement encore plus mémorable. France 1998 a fait oublier France-Bulgarie 1993. Orlando-Los Angeles 2009 n’a pas fait oublier Orlando-Houston 1995… Rien n’est venu rattraper la boulette. Cette Finale contre les Rockets a créé un mini-traumatisme. Nick Anderson est un joueur en proie au doute. Durant la saison 1996-97, il ne tourne plus qu’à 40.4% aux lancers francs. Sa moyenne de points s’est effritée (12), son adresse est en berne (39.7% dans le champ et 35.3% à 3 points après deux saisons à 41.5 et 39.1%).

Quand les matches sont serrés, Anderson passe le moneytime sur le banc. Impossible de laisser sur le parquet un joueur en perte de confiance et que l’adversaire se fera un plaisir d’envoyer sur la ligne des lancers francs. Orlando termine troisième de la division Atlantic et disparaît au premier tour des playoffs contre le champion, Miami (2-3). Le cas du numéro 25 floridien relève de la psychanalyse. Mentalement, c’est le trou noir. Il panique avant même d’être en tenue. Pendant la première moitié de l’exercice 1997-98, il ne rapporte plus que 6.5 points et rentre un lancer sur trois (36.3%)… Fin janvier, il sort de sa léthargie et se met à tourner à 22.6 points par match et 67.6% aux lancers !

Durant la saison écourtée par le lock-out, Orlando ne passe pas le premier tour des playoffs (3-1 pour les Sixers). A 31 ans, Nick Anderson (14.9 pts à 39.5%) est un homme du passé. Il a disputé dix saisons en Floride. Le seul rescapé du Magic originel, meilleur scoreur de l’équipe en carrière, semble avoir donné tout ce qu’il pouvait pour cette franchise. Le 3 août 1999, il est envoyé à Sacramento, échangé contre Tariq Abdul-Wahad et un premier tour de draft 2003.

Chez les Kings, le natif de Chicago n’est pas trop mal loti. Une équipe sympathique se met en place autour du trio Chris Webber-Vlade Divac-Peja Stojakovic. Il est starter, joue 72 matches et rapporte 10.8 points sur 29 minutes. Seulement, son pourcentage aux tirs (39.1) fait tâche dans un collectif qui s’applique à rentabiliser chaque possession avec de l’altruisme et un minimum d’adresse.

En 2000-01, l’arrivée du top défenseur Doug Christie le relègue sur le banc. Anderson ne rentre plus un pion (1.8 pt, 24.6% aux tirs et 25.6% à 3 pts). Au printemps 2001, les Kings se mettent en quête d’un meneur moins fantasque et un peu plus rigoureux que Jason Williams. Vancouver (futur Memphis) accepte de lâcher Mike Bibby. Nick Anderson sert de monnaie d’échange. Il accompagne « White Chocolate » chez les Grizzlies où il signera une dernière campagne sans relief (15 matches, 4 pts). Transféré chez les Cavs le 26 juin 2002 en compagnie de Matt Barnes, il est coupé le 26 octobre suivant et met un terme à sa carrière, avec des gains sur 13 ans estimés à 42,5 millions de dollars.

Nick Anderson, qui rêvait secrètement de devenir patron d’une équipe, s’occupe aujourd’hui des relations publiques du Magic dans un rôle d’ambassadeur, et il est consultant pour Fox Sports Florida. Pour l’éternité, il reste ce joueur qui a loupé quatre lancers-francs dans le Game 1 des Finals 1995. Terrible…

 

Photo : DR

Nick Anderson Pourcentage Rebonds
Saison Equipe MJ Min Tirs 3pts LF Off Def Tot Pd Fte Int Bp Ct Pts
1989-90 ORL 81 22 49.4 5.9 70.5 1.3 2.6 3.9 1.5 1.7 0.9 1.7 0.4 11.5
1990-91 ORL 70 28 46.7 29.3 66.8 1.3 4.2 5.5 1.5 2.1 1.1 1.6 0.6 14.1
1991-92 ORL 60 37 46.3 35.3 66.7 1.6 4.8 6.4 2.7 2.2 1.6 2.1 0.6 19.9
1992-93 ORL 79 37 44.9 35.3 74.1 1.5 4.5 6.0 3.4 2.5 1.6 2.1 0.7 19.9
1993-94 ORL 81 35 47.8 32.2 67.2 1.4 4.5 5.9 3.6 1.8 1.7 2.0 0.4 15.8
1994-95 ORL 76 34 47.6 41.5 70.4 1.1 3.3 4.4 4.1 1.6 1.6 1.9 0.3 15.8
1995-96 ORL 77 35 44.2 39.1 69.2 1.2 4.2 5.4 3.6 1.8 1.6 1.8 0.6 14.7
1996-97 ORL 63 34 39.7 35.3 40.4 1.1 3.8 4.8 2.9 2.5 1.9 1.4 0.5 12.0
1997-98 ORL 58 29 45.5 36.0 63.8 1.7 3.4 5.1 2.1 1.7 1.2 1.5 0.4 15.3
1998-99 ORL 47 34 39.5 34.7 61.1 1.1 4.8 5.9 1.9 1.5 1.4 1.8 0.3 14.9
1999-00 SAC 72 29 39.1 33.2 48.7 1.2 3.6 4.7 1.7 1.6 1.3 1.3 0.2 10.9
2000-01 SAC 21 8 24.6 25.6 0.0 0.1 1.1 1.2 0.6 0.6 0.5 0.3 0.2 1.8
2001-02 MEM 15 15 27.6 27.1 55.6 0.1 2.1 2.1 0.9 1.1 0.4 0.9 0.4 4.0
Total   800 31 44.6 35.6 66.7 1.3 3.8 5.1 2.6 1.9 1.4 1.7 0.5 14.4

Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.

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