Phil Jackson raconte les débuts (compliqués) de sa relation avec Kobe Bryant

On ne remerciera jamais assez Charly Rosen de publier régulièrement des extraits de ses discussions avec son ami Phil Jackson. Aujourd’hui, le président des Knicks raconte quelques anecdotes sur Kobe Bryant, de leur première rencontre à l’arrivée de Pau Gasol. Voici le (long) passage sur le début de leur collaboration, marquée par la  (difficile) cohabitation avec le Shaq mais aussi un triplé. Le dernier en date par une franchise NBA.

« Je ne veux pas être connu comme un joueur de banc »

« Kobe était là lorsque j’ai été présenté à la presse comme nouveau coach des Lakers » débute Jackson. » Il est venu ensuite à ma chambre d’hôtel et on a eu notre premier échange en tête-à-tête. Il m’a dit qu’il avait tout lu sur mes titres avec les Bulls, et étudié plusieurs vidéos des matches. Il était très excité. Il avait 20 ans et il était en NBA depuis trois ans. »

Jackson raconte alors que lui et Kobe profitent de la summer league pour discuter du jeu en triangle, et qu’il est avide d’apprendre. Le hic, c’est que l’arrière des Lakers se pète le poignet dès le premier match de présaison. Phil Jackson n’a pas d’autre choix que de débuter la saison avec une paire d’arrières composée de Ron Harper et Derek Fisher. Puis Kobe revient en jeu alors que l’équipe affiche un bilan de 11 victoires pour 4 défaites.

« Lorsque Kobe était prêt à revenir, j’étais un peu réticent à l’idée de faire une modification majeure dans une formule gagnante. J’ai suggéré à Kobe de sortir du banc. « Je ne me vois pas comme un joueur qui ne débute pas » fut sa réponse. « Je ne veux pas être connu comme un joueur du banc ». Il avait 20 ans, et il était déjà préoccupé par l’empreinte qu’il laisserait. »

Il refuse un échange contre Grant Hill

Phil Jackson ne cède pas, et Kobe est 6e homme.

« Deux semaines plus tard, on continue de gagner, et Shaq est complètement investi. Mais Kobe ne tourne qu’à 19 points de moyenne. Kobe appelle alors Jerry West et Elgin Baylor. Il veut savoir comment ils faisaient pour tourner à 30 pts de moyenne. Kobe dit aussi qu’il veut être transféré. Jerry m’en parle évidemment. Pendant quelques minutes, j’ai pensé prendre l’offre des Pistons qui proposait Grant Hill. Le truc, c’est que Kobe se voyait devenir l’un des plus grands joueurs de tous les temps. J’ai pensé, à ce moment, qu’il atteindrait effectivement son objectif. Peu importe, il n’a pas été transféré. On a discuté du fait d’être patient, et de laisser le jeu venir à lui. »

Mais Kobe a 21 ans, et l’individualiste prend le dessus sur le coéquipier. Phil Jackson raconte ainsi qu’il transforme un match face à Vince Carter en un-contre-un. Plusieurs fois, « Maitre Zen » lui rappelle que l’arme fatale se nomme Shaq, et qu’il faut lui donner la balle au poste bas. Kobe n’adhère pas complètement, et les tête-à-tête se multiplient pour qu’il pense d’abord au collectif. La saison se termine par le premier titre des Lakers et de Kobe Bryant avec une épique série face aux Blazers. Phil Jackson pense alors que le garçon a compris le message.

Mais dès la saison suivante, rebelote : « On a gagné encore le titre en 2001, mais Kobe a fait une sorte de rechute. Il continuait d’osciller entre « moi d’abord » et « l’équipe d’abord ».

Jackson raconte ainsi une soirée devant Michael Jordan où Kobe, pour impressionner son idole et modèle, colle 25 points en première mi-temps, plantant cinq 3-points pour prouver qu’il peut shooter de loin. Mais voilà, Kobe est aussi sensible aux critiques…

« Puis, lors d’un match de playoffs contre les Kings, Kobe ne prend qu’un shoot pendant toute la deuxième mi-temps. Peut-être que quelqu’un dans les médias l’avait critiqué sur son nombre de tirs. Je ne sais pas ce qu’il lui était resté en travers de la gorge, mais c’est ressorti d’une manière étrange. Et on a perdu. »

Jackson explique aussi que Kobe avait du mal à se lier à ses coéquipiers, notamment parce qu’ils étaient généralement plus vieux. Il refusait ainsi des invitations à sortir ou manger. Jackson évoque aussi la guéguerre avec le Shaq.

« Kobe continuait à avoir des difficultés à jouer avec Kobe. Magic (Johnson) était capable de s’adapter à Kareem Abdul-Jabbar car il y avait un respect mutuel. Mais Kobe était toujours méfiant. Et le Shaq fut transféré, et je n’ai pas prolongé aux Lakers. J’ai écrit un livre. Je n’ai jamais dit que Kobe était « uncoachable ». Ce que j’ai vraiment écrit, c’était que je ne pouvais plus le coacher. Mais comme Kobe était toujours sensible aux critiques, il a été blessé par le livre. »

La suite ? Des retrouvailles dès 2005 avec un Kobe qui boude deux ans plus tard car les Lakers ne parviennent pas à recruter un super intérieur. Il refuse de s’entraîner pendant deux semaines, demande à être transféré… Les Lakers laissent son agent lui trouver un club. Mais les contacts n’aboutissent pas, et les deux hommes attendront l’arrivée de Pau Gasol pour retrouver les sommets.