Entre David Stern et Adam Silver, c’est le grand écart absolu en la matière. Arrivé en poste en 1984, le premier a eu l’occasion de remettre le trophée de champion à huit équipes sur un mandat de trente ans. Le second, « commissioner » depuis 2014, s’apprête, lui, à récompenser… une 9e formation différente cette année. Après 12 saisons donc.
Un ratio qui témoigne du changement d’ère que connaît la Grande Ligue et ce, malgré la dynastie des Warriors (2015, 2017, 2018 et 2022). Interrogé sur cette trajectoire, le grand patron du championnat commence par faire référence à l’époque où Herb Simon s’est offert les Pacers, en 1983.
« 60% des titres avaient été remportés par deux équipes. Ensuite, si l’on avance d’environ 15 ans, un peu plus, soit 65 ans après la création de la ligue, trois équipes avaient remporté 60% des titres », chiffre Adam Silver en parlant évidemment des Celtics, des Lakers et des Bulls.
Un 7e champion en sept ans !
La récurrence était telle que David Stern en plaisantait à l’époque, assurant que son travail « consistait à faire des allers-retours entre Boston et Los Angeles pour distribuer les trophées de champion », rapporte son successeur. Ce dernier voyage beaucoup plus.
Boston l’an dernier, Denver deux ans plus tôt, Milwaukee en 2021, Toronto en 2019… À l’issue de cette finale entre Pacers et Thunder, la NBA va connaître son 7e champion différent en sept ans ! Mais la ligue voit d’un très bon œil ce virage qui était voulu.
« C’était très intentionnel, cela n’a pas commencé avec moi, mais avec David et les conventions collectives successives. Nous avons cherché à créer un système permettant davantage de compétition dans la ligue, avec pour objectif que les 30 équipes, si elles sont bien gérées, puissent toutes être en position de disputer le titre. C’est ce que nous constatons aujourd’hui », note Adam Silver.
En matière de gestion, les deux finalistes actuels sont plutôt des modèles du genre, avec des constructions d’équipe intelligentes et une particularité commune : ni l’une, ni l’autre n’a payé de « luxury tax », une première pour une finale. Autre point commun, il s’agit de deux marchés de moindre importance, comparé à ceux de Los Angeles ou New York.
La taille du marché minimisé
Mais là encore, l’objectif de la ligue était que la taille du marché devienne un facteur mineur dans la quête du titre. Une notion de taille à relativiser selon Adam Silver en raison des évolutions technologiques de ces deux dernières décennies qui ont permis une accessibilité à la NBA partout aux États-Unis et dans le monde.
Aussi, Oklahoma City avec ses 700 000 habitants environ et Indiana ses 900 000, « ne sont pas de si petits marchés », poursuit le dirigeant, insistant sur le fait que « 300 millions d’Américains vivent dans des villes plus petites qu’Oklahoma City et Indianapolis ». Quant à cette question de la parité, Adam Silver, comme il l’avait déjà fait en 2022, s’en félicite.
« Je ne peux pas dire que j’aurais imaginé que nous aurions sept champions différents en sept ans. Je dirais simplement que le but n’est pas forcément d’avoir un champion différent chaque année. L’objectif, c’est l’égalité des chances. Chapeau à Oklahoma City et Indianapolis, deux franchises remarquablement bien gérées, de haut en bas, qui méritent d’être là. […] Je dirais que c’est le système que nous voulions créer, tant qu’il y a un terrain de jeu équitable », termine-t-il.