Parmi les récompenses de fin d’année de la NBA, celle du meilleur défenseur de l’année (« Defensive Player of the year ») est sans doute la plus discutée, sinon disputée. Faut-il récompenser un joueur dur sur l’homme ou un spécialiste de l’aide défensive ? Faut-il privilégier les arrières et leurs interceptions, ou les intérieurs qui dominent au rebond et au contre ?
Basket USA a décidé d’analyser tous les paramètres disponibles pour définir ce qu’on appelle un grand défenseur.
Différents types de défense
Depuis le début de saison, nombre de joueurs revendiquent le trophée de meilleur défenseur.
- Pat Beverley : « J’ai le sentiment d’être le meilleur défenseur de la ligue à l’heure actuelle. J’espère que le monde entier le voit. En gagnant les matches, de plus en plus de gens le voient. »
- Draymond Green : « C’est quelque chose que je veux gagner »
- Luc Richard Mbah a Moute dans le Hoopcast : « Ceux qui ont joué avec moi, contre moi, savent ce que je fais défensivement. C’est un peu amusant de toujours voir les stars avoir cette reconnaissance défensive. »
Voilà trois types de défenseurs différents, qui pourraient tous prétendre effectivement à ce trophée. Il est souvent plus aisé de définir le joueur qui a réalisé la meilleure saison globale à titre individuel que celui qui a le mieux défendu car il y a plusieurs types de défense : elle peut être individuelle, plus couramment appelée en homme à homme, ou collective. Et ces deux définitions ont-elles même souvent un lien : un très bon défenseur en homme à homme peut être tout aussi précis dans l’organisation défensive collective.
À l’inverse, il est tout aussi possible qu’un bon défenseur individuel soit à l’origine de failles dans la défense collective : cela peut être le cas avec les joueurs qui parient sur les interceptions et prennent des risques en créant des ouvertures dans l’organisation globale. Ce fut le cas de Rajon Rondo ces dernières années ou Russell Westbrook ces derniers temps.
« Les interceptions peuvent être particulièrement trompeuses, » écrivait l’historien du sport, Robert W. Cohen, dans « Pro Basketball’s All-Time All-Stars: Across the Eras » (paru en 2013, Sports Recreation). « Elles représentent généralement une partie évidente de paris de la part du défenseur, puisque des tentatives infructueuses de vol de ballon ont tendance à amener son équipe en désavantage physique. La plupart des joueurs qui compilent un grand nombre d’interceptions le font car ils savent que leurs coéquipiers les couvrent : K.C. Jones faisait ces paris car il savait qu’il avait Bill Russell derrière ; Walt Frazier savait qu’il avait Willis Reed et Dave Debusschere ; Michael Jordan a mené la ligue trois fois aux interceptions et remporté le trophée de Meilleur défenseur de la ligue en 88, mais il aurait probablement dû partager ce trophée avec Scottie Pippen, qui gardait presque toujours le meilleur attaquant adverse, offrant à Jordan la liberté de voler des ballons en coupant les lignes de passe. »
Autre élément à prendre un compte : le profil de l’équipe. Un bon défenseur peut être désavantagé s’il joue dans une équipe sans aucune identité défensive.
Intérieur ou extérieur ?
Enfin, il y a les postes. Depuis la création de ce trophée en 1983, seuls sept joueurs de profil extérieurs ont été récompensés : Sidney Moncrief (2 fois), Alvin Robertson, Michael Cooper, Michael Jordan, Gary Payton, Ron Artest et Kawhi Leonard. Ce qui signifie dans le même temps que la récompense a été octroyée à 25 reprises à des intérieurs. Comment expliquer cette différence ? Comme on l’a vu avec les interceptions, beaucoup considèrent en NBA que les intérieurs sont le rempart défensif ultime.
« C’est difficile de trouver un grand capable de faire ce que Tyson Chandler peut faire, » expliquait Andre Iguodala à CBS en 2013. « C’est difficile de trouver un grand comme Dwight (Howard) capable de monter sur le pick-and-roll, arrêter un arrière qui le contourne. Ils perturbent tout simplement tout. Dwight Howard change la complexité de chaque match. Avec moi [un extérieur], si vous avez deux bons joueurs dans votre équipe et que j’en garde un, vous pouvez m’éloigner, me garder d’un côté alors que l’autre part s’affairer de l’autre côté. Mais avec un gars comme Dwight Howard, il contrôle la raquette. Cela importe peu si vous avez quatre ou cinq excellents joueurs de périmètre au même moment, aucun d’entre eux n’ira dans la raquette. »
Cette dissuasion, parfois basée sur la simple réputation puisqu’un joueur ne tentera même pas sa chance dans la raquette face à un grand qualifié de bon défenseur, peut justifier en partie cette main-mise des intérieurs sur ce trophée.
Néanmoins, la ligue change : avec l’utilisation croissante du tir à trois-points, l’accès à la raquette est de toute façon moins privilégié. À l’heure actuelle, 17 des 20 meilleurs marqueurs de la ligue sont des extérieurs et on peut arguer qu’une raquette verrouillée n’empêchera en aucun cas Kevin Durant, Stephen Curry, James Harden, Damian Lillard ou Isaiah Thomas de marquer leurs points. À ce titre, l’importance d’une bonne défense extérieure semble tout aussi conséquente. Et c’est pourquoi Tony Allen a notamment gagné le respect de ses pairs au fur et à mesure de sa carrière.
« La plupart des défenseurs que j’affronte demande toujours de l’aide, » expliquait Kobe Bryant au Daily News il y a deux ans. « Je n’ai jamais entendu Tony Allen demander de l’aide. »
Le vétéran des Grizzlies était tout aussi redouté de Kevin Durant lors des confrontations en playoffs entre le Thunder et Memphis.
« Je suis toujours inquiet que le gars surgisse derrière moi pour contrer mon tir », se désolait l’ailier après le Game 4 du premier tour entre Memphis et OKC en 2014.
Ce soir-là, il avait shooté à 5/21…
En NBA, les paniers peuvent provenir de toutes parts : sous le cercle, dans le périmètre, à mi-distance, à trois-points et soit par des fulgurances individuelles, soit par un mouvement collectif du ballon générant des positions ouvertes. C’est pourquoi, au fond, il est si difficile de sortir du lot avec précision un bon défenseur.
Sans qu’ils ne puissent donner une définition exhaustive, les chiffres peuvent toutefois aider.
LES STATISTIQUES LES PLUS CONNUES À ÉQUILIBRER AVEC LE TEMPS DE JEU
Parmi les données les plus couramment utilisées, on évoque souvent les rebonds (plus particulièrement défensifs), les interceptions et les contres.
- en 2013-14, année de son trophée défensif, Joakim Noah est 4e rebondeur et 12e contreur de la ligue.
- en 2001-02, année de son premier trophée, Ben Wallace est le meilleur rebondeur et contreur. L’année d’après, il est meilleur rebondeur et 2e contreur. En 2004-05, il est 2e rebondeur et 5e contreur.
- Lors de ses deux premiers trophées (de 2008 à 2010), Dwight Howard est aussi meilleur rebondeur et contreur. Pour son troisième en 2011, il est 2e rebondeur et 4e contreur, etc..
Ces données rentrent fondamentalement en compte dans le vote. Et c’est pourquoi nous allons les évoquer. Néanmoins, la simple moyenne par match défavorise forcément les joueurs au temps de jeu modique. Quant aux moyennes rapportées sur 36 minutes, elles peuvent donner une indication mais il est clair qu’elles ne peuvent être précises dans la mesure où certains joueurs sont plus ou moins soumis à une baisse d’efficacité liée à la fatigue, etc…
Nous avons donc opté pour des ratios en fonction du temps passé sur le terrain, plus égalitaires. Il est donc normal d’y trouver des différences avec les classements fondés sur les moyennes par match.
LES REBONDS DÉFENSIFS |
Par définition, en basket, le rebond défensif est une statistique importante pour évoquer la défense : s’il est défensif, c’est que l’adversaire ne prend pas le rebond offensif, c’est une deuxième chance en moins pour l’adversaire.
Le pourcentage individuel de rebonds défensifs indique la proportion de prises d’un joueur sur la somme de rebonds à sa disposition lorsqu’il est sur le terrain. Dans ce contexte, Hassan Whiteside se détache nettement puisqu’il prend plus d’un tiers des rebonds défensifs lorsqu’il joue. Remplaçants, Zach Randolph et Alex Len n’ont pas le temps de jeu nécessaire pour intégrer le Top 20 des meilleurs rebondeurs défensifs par match et pourtant, ils captent eux aussi une bonne proportion de ces rebonds lorsqu’ils foulent le terrain.
De son côté, Rudy Gobert se place en bonne position dans ce registre et c’est tout aussi inquiétant pour Anthony Davis qu’impressionnant pour Russell Westbrook, seul extérieur de ce Top, qui prennent la même proportion de rebonds défensifs.
LES INTERCEPTIONS |
En ce qui concerne le ratio d’interceptions, plus précisément le pourcentage de possessions adverses volées par un joueur, c’est Thabo Sefolosha et Chris Paul qui mènent la danse. Ce dernier cumule huit présences dans une All-Defensive Team et même s’il n’en a qu’une à son actif, le Suisse est un joueur réputé pour son excellence défensive.
Il en va de même pour de nombreux joueurs de ce classement tels Tony Allen, Draymond Green, Giannis Antetokounmpo, Kawhi Leonard, Trevor Booker et Ariza, Robert Covington, Jeff Teague, Luc Mbah a Moute.
À noter que Draymond Green et Dwight Powell sont les seuls intérieurs purs de cette hiérarchie. Mais Andre Drummond est au porte de celle-ci avec 2.6% de possessions interceptées.
LES CONTRES |
C’est là où ce classement prend une autre importance : d’une part, le contre est la dernière action à même d’empêcher un shoot en voie d’être converti ; d’autre part, comme pour les rebonds défensifs, il est avant tout l’apanage des intérieurs et on peut donc mettre ces deux classements en relation pour établir une première idée des meilleurs intérieurs défenseurs.
On retrouve ainsi cinq intérieurs présents dans le premier classement : Rudy Gobert, Anthony Davis, Alex Len, Hassan Whiteside et DeAndre Jordan. Précisons que Clint Capela (7e ici) et Bismack Biyombo (12 ici) étaient eux-aussi aux portes du Top 15 des meilleurs rebondeurs défensifs. Quant à Dwight Howard (6e meilleur rebondeur défensif), il n’est pas loin de rentrer dans ce classement avec 4% de possessions contrées, soit la 17e place de la ligue.
Notons aussi que Giannis Antetokounmpo, considéré comme extérieur bien qu’avec lui, la position soit très variable, est l’un des meilleurs intercepteurs et l’un des meilleurs contreurs.
L’ACTIVITÉ GÊNANTE
Viennent d’autres statistiques, plus intéressantes que les seuls rebonds, interceptions ou contres. Très souvent, l’activité défensive ne peut se mesurer par ces seuls chiffres : il y a notamment l’activité des bras devant les yeux d’un joueur, sur un dribble ou sur une passe et cela ne résulte pas automatiquement par un contre ou une interception.
LES DÉVIATIONS DE BALLE |
Prenons le cas des déviations de balle : un joueur qui dévie le ballon vers l’un de ses coéquipiers n’est pas celui crédité par l’interception. La NBA l’explique dans son règlement : dans la vidéo ci-dessous, Anthony Parker dévie le ballon mais c’est Andrea Bargnani qui la récupère. C’est ce dernier qui obtient l’interception dans sa ligne statistique.
https://www.dailymotion.com/video/x560qh1
Aussi, il y a le nombre de ballons touchés ou déviés qui finissent en dehors du terrain, également non comptabilisés.
Heureusement, la NBA comptabilise désormais les déviations comme une catégorie statistique à part. Et si cette donnée est intéressante, c’est aussi parce que parmi ces déviations, il n’y a pas forcément autant de prises de risque que pour une interception : un bon placement, une bonne attitude sur l’homme, un bon réflexe peuvent suffire.
Dans ce secteur, on voit de nouveau des joueurs bien connus pour leur activité défensive : Draymond Green, Robert Covington, Chris Paul, Kawhi Leonard, John Wall, Jeff Teague, Thabo Sefolosha et Giannis Antetokounmpo (encore lui !) sont d’ailleurs présents dans les meilleurs intercepteurs du jeu. Si on cumule ces déviations avec leurs interceptions, cela représente déjà de nombreuses possessions gênées par ces joueurs.
Jimmy Butler et Paul George, deux autres joueurs connus pour leurs efforts défensifs, ne sont pas en reste.
Malheureusement, la NBA ne permet plus un calcul de déviations par possession ou sur un temps de jeu de 36 ou 40 minutes, mais ces moyennes sont déjà un bon indicatif pour des joueurs au temps de jeu relativement important. Pour aller plus loin cependant, notons que Robert Covington (29 min) et Thabo Sefolosha (26 min) sont les seuls de ce classement à jouer moins de 30 minutes par match.
Enfin, d’autres joueurs présents dans les classements précédents sont parmi le Top 50 de ce registre : T.J. McConnell (2.9/m), Andre Drummond décidément très actif (2.8), Anthony Davis (2.7) ou Trevor Booker (2.5).
LES FAUTES OFFENSIVES PROVOQUÉES |
C’est une donnée peu évoquée lorsqu’il s’agit de parler de la défense mais la faculté à provoquer des fautes offensives adverses est révélatrice d’une activité défensive : cela peut être le signe d’un bon placement, d’un bon sens de l’anticipation mais aussi d’une faculté du défenseur à « rentrer dans la tête » de l’adversaire. Or, c’est une qualité souvent citée pour les bons défenseurs.
Ici, le chien de garde des Rockets, Patrick Beverley, domine largement les débats et ce n’est sans doute pas pour rien dans sa mauvaise réputation chez les adversaires. Ersan Ilyasova s’illustre aussi particulièrement bien, tout comme Wesley Matthews. Notons que deux joueurs de profil défensif sont aussi présents : Marcus Smart et Mike Conley. Enfin, Montrezl Harrell (que l’on verra beaucoup par la suite) et John Wall se montrent encore à leur avantage dans ce secteur.
LA CONTESTATION DES TIRS |
Parmi l’activité défensive, il serait bon de prendre en compte la proportion de contestations de tir par joueur. Malheureusement, seules les moyennes sont encore à notre disposition.
À titre indicatif, Robin Lopez conteste le plus de paniers à deux-points avec 15.7 par match, Rudy Gobert est 2e avec 12.7 et Brook Lopez 3e, avec 11.5. À trois-points, on retrouve Jabari Parker avec 4.6 tirs contestés en 1ère position, Wes Matthews et Michael Kidd-Gilchrist en 2e place avec 4.5 et Bradley Beal, Paul George et Andrew Wiggins sur la 3e marche du podium avec 4.4. C’est intéressant mais là encore, le temps de jeu influe énormément.
De fait, nous avons privilégié le pourcentage de réussite concédé par zone. Pour cela, un minimum de match requis (15) et de shoots contestés (2 par match pour les deux-points, 1.5 pour les trois-points).
PRÈS DU PANIER
Dans le petit périmètre sous le panier, il est très intéressant de constater que huit joueurs du Jazz sont parmi ceux qui engendrent le plus de maladresse. En fait, s’il avait suffisamment joué, il y en aurait neuf avec George Hill et il serait même premier !
Jeremy Lamb est sur le podium derrière Derrick Favors tandis que Roy Hibbert et Michael Kidd-Gilchrist, coéquipiers de Lamb, sont 5e et 11e. Au Heat, trois joueurs sont représentés et il ne s’agit pas d’Hassan Whiteside mais de Willie Reed (2e), James Johnson (6e) et Dion Waiters (12e). En fait, il n’y a que trois équipes représentées dans le haut de ce classement : Utah, Charlotte et Miami !
À proximité de la raquette, entre 1.5 et 3m, c’est plus varié et il y a quelques surprises telles que Kyrie Irving (4e) ou Seth Curry (6e). Précisons que ces pourcentages datent du 21 décembre mais il faut un nombre de matchs importants pour que la variation soit conséquente. Notons que Tarik Black et Zaza Pachulia sont les seuls pivots purs représentés ici.
PÉRIPHÉRIE
À mi-distance, on retrouve de nouveau Montrezl Harrell (1er) mais aussi Shelvin Mack (4e), Rudy Gobert (10e), Dante Exum (11e), Rodney Hood (13e) et Gordon Hayward (14e). Ces cinq derniers confirment les bonnes dispositions du Jazz en défense, que ce soit près du cercle donc mais aussi en périphérie.
Avec Rudy Gobert, un autre Français s’illustre avec Alexis Ajinça, particulièrement performant pour contester des tirs dans cette zone. Enfin, l’omniprésent Tony Allen est encore là.
Un peu plus loin, mais toujours à l’intérieur de la ligne à trois-points, Jason Terry (déjà présent ci-dessus) se montre précieux. Mais c’est également le cas de Montrezl Harrell, décidément très actif, et d’autres joueurs reconnus dans le secteur défensif : Al Horford, Jae Crowder, Marcus Smart.
AU LARGE
On reste à deux points mais on s’éloigne de plus en plus. Dans cette zone, Zaza Pachulia et Zach Randolph sont encore présents, mais aussi Kyle Anderson et Jason Terry. L’impact de Draymond Green se fait aussi sentir, à l’image d’Andre Iguodala, le troisième Warrior du classement.
Malgré ses vieilles cannes, Vince Carter est aussi important défensivement dans cette zone.
À trois-points, Jeremy Lamb s’illustre encore alors qu’il n’est pas forcément réputé pour son goût de la défense. En septième place, Derrick Williams représente aussi le Heat. Déjà précieux près du cercle, Mirza Teletovic donne également sa part au large ainsi que son coéquipier Tony Snell. Par ailleurs, deux Lakers confirment la progression dans ce secteur : Nick Young et D’Angelo Russell.
D’une manière générale, on constate de nombreuses absences parmi les joueurs les plus souvent cités pour le trophée de meilleur défenseur : Kawhi Leonard, Marc Gasol, DeAndre Jordan, LeBron James ou encore Chris Paul. Cela ne dit pas forcément d’eux qu’ils sont mauvais pour contester les tirs (ce ne sont que des Tops limités et ils peuvent se retrouver aux portes de ces classements), ni qu’ils sont mauvais défenseurs : tout simplement car le travail peut aussi se faire avant la tentative de tir.
Qu’en est-il des Win Shares et Defensive Box Plus-Minus ?
Ce sont d’autres statistiques souvent utilisées pour évoquer la défense.
Les Defensive Win Shares calculent la part de l’impact défensif d’un joueur dans les victoires de son équipe, selon une équation elle-même basée sur la marge défensive : 1.08* (moyenne de points de la ligue par tentative de tir)* (tentatives de tir de l’équipe + 0.48 (lancers-francs tirés de l’équipe)) – les points de l’adversaire. C’est complexe mais relativement précis mais, que ce soit pour les Defensive Win Shares du bureau statistique de la ligue ou celles de Basketball Reference, un facteur comme le temps de jeu prend une part prépondérante.
Le Defensive Box Plus-Minus est aussi calculé de manière complexe et se fonde sur l’Offensive Box Plus-Minus. Or, d’après Basketball Reference lui-même, cette stat rend difficilement honneur aux défenseurs d’élite.
Pourquoi ces données sont à prendre avec des pincettes ? En premier lieu, ce sont des statistiques provenant d’équation qui utilisent les données des boxscores ajustées par des variables. Or, comme on le sait, les boxscores ne rendent pas compte de tous les chiffres à notre disposition (tirs contestés, ballons déviés, etc…). Enfin, s’il était question d’analyser le rendement défensif de joueurs d’antan, certaines statistiques ont été comptabilisées trop tard, telles que les interceptions et les contres.
Le DPS : une donnée intéressante ?
Plutôt que le Defensive Win Share et le DBPM, on peut évoquer le Defensive Points Saved ou les points sauvés par la défense. Cette donnée s’appuie sur le DBPM rapporté au nombre de possessions que le joueur a effectivement disputées.
Calculée par NBA Math, voici le Top 20 des joueurs sauvant le plus de points par match grâce à leur défense.
Mais à nouveau, on voit que ces données favorisent encore les intérieurs, et c’est sans doute l’une des raisons qui expliquent pourquoi ils monopolisent le trophée ultime du défenseur : même les équations statistiques les plus complexes se fondent sur les données des boxscores, lesquelles ne peuvent rendre justice à l’infinité de nuances qui existe dans le registre défensif : on en revient à la question des mains devant le visage, des ballons déviés, des fautes offensives provoquées, etc…
Alors, quels joueurs retenir ?
Par la densité de toutes ces données, il serait difficile, voire peu pertinent, d’isoler un joueur parmi tous ces défenseurs. Comme le demandait d’ailleurs l’an passé le journaliste de CBS, Matt Moore, il ne serait pas stupide de modifier le trophée du meilleur défenseur en trophée du meilleur duo de défenseurs car certains chiffres rendent davantage justice aux extérieurs ou tout simplement aux défenseurs moins utilisés.
Mais au regard de toutes les statistiques accumulées, on peut retenir que certains joueurs ne font pas défaut à leur réputation : c’est le cas de Draymond Green, Kawhi Leonard, Rudy Gobert, Tony Allen, Thabo Sefolosha, Giannis Antetokounmpo, Marcus Smart ou encore Chris Paul.
D’autres sont peut-être trop peu souvent cités : notamment Robert Covington ou Montrezl Harrell. Dans le cas du premier, les bilans de son équipe peuvent l’expliquer. Dans le cas du deuxième, son arrivée récente dans la ligue peut aussi être une raison à cette sous-médiatisation.
D’autres sont aussi moins en vue sans doute à cause de leur historique dans la ligue : Vince Carter et Jason Terry n’ont jamais vraiment été mentionnés comme de grands défenseurs mais avec l’âge, moins utilisés en attaque, on constate qu’ils forcent davantage en défense.
Enfin, d’autres sont peut-être un tantinet surestimés : notamment DeAndre Jordan. Il n’est nulle question de dire qu’il est médiocre dans ce secteur mais peut-être que sa réputation le précède. Et c’est une autre donnée qui n’est pas quantifiable par les technologies d’aujourd’hui, du moins pour le moment : la peur. S’ils l’inspirent, ils ne seront même pas confrontés à l’attaquant adverse et c’est un effort en moins à fournir.