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Quand Michael Jordan humiliait le GM des Bulls

Quand Michael Jordan humiliait son patronDans une interview accordée au magazine « Society », Roland Lazenby, auteur de la bio « Michael Jordan, The Life », a affirmé qu’il était difficile de décrire « MJ » autrement que comme un tyran. Un passage de ce livre fleuve (726 pages) souligne le malaise que pouvait créer la toute-puissance de la superstar des Bulls, une difficulté à laquelle sont confrontés quasiment tous les entraîneurs qui ont un surdoué dans leur effectif. Cet épisode concerne Jerry Krause, l’ancien GM des Bulls, avec lequel « Sa Majesté » entretenait des rapports épouvantables.

Si Krause fut capable d’assembler les pièces de ce qui allait devenir l’une des meilleures équipes de basket de tous les temps, il souffrit à la fois d’un manque de reconnaissance – jugeant que les médias et le grand public ne saluaient pas assez son travail – et d’un manque d’affection, notamment de la part des joueurs. Moqué pour son physique (117 kg pour 1,67 m), le GM chicagoan se vit affublé du surnom « Miettes » (car il en laissait, paraît-il, sur ses vêtements en mangeant ; certains affirmaient avoir vu des taches de sauce tomate sur ses costumes…). Le livre de Lazenby raconte que les pires railleries couraient sur son compte dans le vestiaire de l’équipe, les joueurs se taisant dès que Krause y pénétrait ou alors ricanant du bon mot qui venait d’être fait sur son dos…

Un spectacle pénible qui met tout le monde mal à l’aise

Peu populaire au sein de la maison rouge et noire (Scottie Pippen jugeait son salaire insultant et lui en voulait), Krause commit l’erreur de vouloir se rapprocher de joueurs qui n’avaient pas envie de partager sa compagnie. Phil Jackson lui conseilla de ne pas s’inviter dans le bus de l’équipe et de gérer les affaires courantes de son bureau mais Jerry le mal-aimé s’obstina à voyager avec les joueurs, dans une tentative désespérée pour nouer des liens avec eux. Et Michael Jordan en profita pour lui infliger les pires humiliations, sous le silence coupable d’un staff qui aurait dû intervenir – Phil Jackson le premier – mais qui laissa faire, alors que ce spectacle pénible mettait tout le monde mal à l’aise.
Le récit de Lazenby donne tout simplement la nausée… Le chapitre 35, « Esclandre dans le bus », montre ce qui peut se passer quand une personne en charge de l’autorité lâche un peu trop la bride et que les subordonnés prennent plus ou moins le pouvoir.

« Tout en menant les Bulls à leur cinquième titre, Michael Jordan commença à nourrir le délitement de son équipe en agressant verbalement Jerry Krause dans le bus de l’équipe. Depuis son retour sur les parquets, il avait montré de la colère et de l’agressivité envers le GM. Michael était énervé parce que selon lui, Krause n’accordait pas un traitement correct à Scottie Pippen. Et il avait été amené à penser que Krause était responsable du licenciement de son coach préféré, Johnny Bach. Jackson avait tenté de dissuader Krause de monter dans le bus de l’équipe mais le GM cherchait à faire partie du groupe par tous les moyens. Sa présence dans le bus en fit une tête de Turc toute trouvée pour les blagues de Jordan, qui devinrent plus âpres pendant les matches des Finales en Utah. Etait-ce de la colère de la part de Jordan ? Etait-ce sa nature tyrannique qui ne connaissait plus de limites ? Quelle que soit la réponse, les confrontations dans le bus de l’équipe en 1997 furent l’élément déclencheur d’une nouvelle vague de conflits.

« Apporte ta canne à pêche. Si tu ne prends rien, tu pourras toujours mordre l’hameçon toi-même ! »

L’alcool a sans doute joué son rôle. Dans la première demi-heure qui suivait une victoire à l’extérieur, Jordan et divers coéquipiers sifflaient généralement cinq ou six bières et s’allumaient un cigare – rien d’inhabituel dans le basket professionnel. Michael n’était certainement pas en état d’ébriété quand il commença à provoquer Krause. Mais il était suffisamment bouillonnant pour laisser libre cours à toute son ironie.
Pendant des années, Jordan s’était posté à l’arrière du bus après les matches, chambrant ses coéquipiers ou quiconque passant à portée de ses sarcasmes, tranchants comme des lames de rasoir. Il avait ses cibles favorites et régulières. Il taquinait Toni Kukoc sur sa prestation aux Jeux olympiques de 1992 à Barcelone ou sur sa défense. Le responsable du matériel, John Ligmanowski, faisait une cible facile à cause de son poids. Il confia avoir tenté de répondre à Jordan. Mais ce n’était pas facile. Jordan utilisait également l’humour pour contrôler le groupe, précisa Ligmanowski.

Interrogé sur les piques qu’il lançait du fond du bus, Jordan affirma :

« Je ne prends pas les choses trop à cœur. Je les prends tout de même sérieusement. Je suis capable de rire de moi-même avant de rire de qui que ce soit d’autre. Et c’est important. Je peux rire de moi-même. Mais je peux être très dur. »

Il fut particulièrement dur envers Jerry Krause pendant les matches des Finales en Utah. On peut attribuer cette dureté en partie à l’attitude de Krause, constamment accroché aux basques de Jordan dans l’espoir, vain, de se lier d’amitié avec lui. « Jerry Krause ! Jerry Krause !, hurla un jour Jordan du fond du bus. Eh, Jerry Krause, allons pêcher. Apporte ta canne. Ne t’inquiète pas… Si tu ne prends rien, tu pourras toujours mordre l’hameçon toi-même. »

« Eh, Jerry, ce bus roulait plus vite hier quand ton gros cul n’était pas dedans ! »

Les joueurs se tordaient de rire au fond du car tandis que le staff se mordait les lèvres à l’avant. Krause était le vice-président et le GM de l’équipe. Sans mentionner qu’il était aussi son patron. Phil Jackson, qui n’a jamais été la cible des railleries de Jordan, semblait quelque peu amusé. « Les gars s’enfilaient quelques bières dans le bus et puis c’était parti, ils prenaient Jerry pour cible », confia un membre du staff des Bulls.

« Phil se trouvait là et ne disait rien, raconta un autre employé. Vous êtes Phil Jackson et votre patron est en train de se faire pilonner par l’un des joueurs. Vous dites au moins quelque chose. Phil n’a jamais levé le petit doigt dans aucune de ces situations. C’était comme des gamins à l’école qui se liguaient contre quelqu’un. » « Avec le recul, je ne sais pas ce que Phil aurait pu faire, déclara Chip Schaefer. Il aurait pu se retourner et dire : “Ça suffit, Michael.” »

L’équipe gagnait et elle était sur les bons rails pour remporter le titre, alors Krause endura ces affronts en silence. Parfois, quand les salves se faisaient trop fortes, le GM se tournait vers ses voisins immédiats et disait : « La langue de Caroline du Nord est encore à l’œuvre. » « C’est sans doute un mécanisme de défense, commenta Tex Winter à propos du silence de Krause. Mais cela ne semble pas l’ennuyer plus que ça. Je pense qu’il a le cuir épais. » « Brad Sellers, ça, c’était un bon choix à la draft ! », hurlait Jordan du fond du bus.

Ce jour-là, l’équipe roulait en direction de ses quartiers, à proximité de Park City, raconta Chip Schaefer. « Nous ne pouvions pas rouler à plus de 40 km/h dans ce genre de bus car nous avions une forte côte à monter pour atteindre Park City. Cela créait une tension qui ne faisait qu’envenimer les choses. » « Eh, Jerry Krause, ce bus roulait plus vite hier quand ton gros cul n’était pas dedans ! », cria Jordan, provoquant les éclats de rire de l’équipe.

« Peux-tu imaginer James Worthy traiter Jerry West de cette façon ? »

« Krause n’avait pas grand-chose à répondre à Michael. Il l’appelait “Crâne d’œuf” ou quelque chose d’un peu bête comme ça, nota un employé des Bulls. Ces gars buvaient leurs bières et fumaient leur cigare au fond du car, ivres de joie après la victoire. Si Jerry disait quoi que ce soit, il ne faisait que nourrir leur feu ardent. Ils s’en prenaient alors à lui avec des trucs encore pires. Ils étaient comme ça. »
« Ils buvaient quelques bières après les matches mais je ne pense pas que quiconque en ait abusé, ajouta Schaefer. Ils buvaient leur Gatorade et leur GatorLode et ils aimaient aussi la bière. Les moqueries sont cruelles. C’est cruel pour des enfants de 6, 10 ou 15 ans. Et c’est aussi cruel pour des adultes. Est-ce que j’ai entendu des commentaires puis esquissé un sourire ? Probablement. Mais j’ai également entendu des commentaires et souhaité dans mon cœur que Krause reste calme et que les gars le laissent tranquille. » « Cela créait toujours un certain malaise, admit Steve Kerr. Je me rappelle Jud Buechler disant un jour : “Peux-tu imaginer James Worthy traiter Jerry West de cette façon ?” »

Même si le fait que les joueurs se charrient les uns les autres faisait partie, depuis toujours, de la vie d’une équipe, il était évident, pour Kerr, que Jordan n’aimait pas du tout l’idée d’une rébellion collective. « Il voulait simplement s’en prendre à Krause. Il testait tout le monde mais ce n’était pas un test. C’était sincère. Et je ne sais pas d’où cela lui venait. C’était gênant. Je ne sais pas pourquoi il se sentait obligé de faire ça mais il le faisait. » Kerr se souvint de moments d’humiliation complète. Il n’avait jamais été témoin de pareille scène avant, en particulier avec quelqu’un censé être son supérieur hiérarchique.

Luc Longley reconnut que les piques de Jordan les faisaient rire mais que cette situation créait de la gêne, tout spécialement quand vous étiez la cible des attaques. « Elles apportaient parfois de la tension mais la plupart du temps, elles étaient plutôt drôles. Michael était dans une position où il pouvait se moquer des gens en toute sécurité. Quand les gens lui rendaient la pareille, il le prenait bien. Cela restait sans importance. »
« Je pense qu’il y a toujours eu de la tension là-dedans, commenta Bill Wennington. Pour une raison que j’ignore, Michael s’en prenait toujours à Jerry. Chaque fois que Jerry était dans les parages, il s’en prenait à lui, tout particulièrement quand il y avait un rassemblement d’équipe et que tous les joueurs étaient là. Michael s’en prenait à lui. Et le bus est un espace clos, il n’y a nulle part où aller. Donc, vous restez assis là. »

« Il est très intelligent, dit Chip Schaefer de Jordan. La pire des choses que vous puissiez faire, c’est essayer de lui répondre. Si vous laissez courir, ça s’arrêtera tout seul. S’il commence à vous prendre à partie, il ne faut pas se retourner et dire : “De qui tu parles, « Crâne d’œuf » ?” Parce que là, vous le faites monter en pression. La meilleure chose à faire, c’est d’en rire et espérer que ça finisse par tomber sur quelqu’un d’autre. »

« Krause n’avait pas d’autre choix que d’encaisser »

« Le talent de Michael le met en position de se sentir autorisé à faire ça, expliqua Wennington. Sur ce qu’il produit avec l’équipe, c’est un très grand basketteur. Et c’est le leader des Bulls. Les leaders d’équipe peuvent casser n’importe qui. C’est un totem, il est la figure la plus haute sur ce totem aujourd’hui, donc tous les autres doivent accepter d’être en dessous de lui. Ce que vous devez faire – du moins, c’est ce que je fais personnellement -, c’est prendre votre mal en patience. Si vous commencez à lui répondre, personne ne vous défendra. Ils vont tous prendre fait et cause pour lui parce que personne ne veut se faire casser par lui. Donc, ce sera du 12 contre 1. Alors, vous attendez que l’orage passe… Michael pouvait s’en prendre à n’importe qui. Les autres sautaient dans le wagon et chambraient la victime désignée, voilà tout. Vous deviez rester sur vos gardes car vous vous faisiez casser à votre tour si vous éclatiez de rire juste un peu trop fort. Là, il s’attaquait à vous. Du genre : “À ton tour, maintenant !” »
Evidemment, les saillies de Jordan étaient plus faciles à digérer après une victoire. « Il chambre les autres tout le temps, expliqua Kerr. Ce sont de bons moments, des moments qui restent gravés dans la mémoire. Michael a dit des choses incroyablement drôles. Je pense que ce qui rendait les choses si particulières, c’est qu’il n’y avait que nous dans le bus, rien que l’équipe. C’étaient des moments intimes car ils intervenaient juste après des matches riches en émotions, d’une façon ou d’une autre. Les gars s’enflammaient au fond du car et c’était très marrant. »

« Michael est un comédien très drôle, assura Ron Harper. Il nous maintient détendus. Quand il y a de la tension dans les matches serrés, il fait en sorte que vous soyez très, très détendu. Il a la faculté de dire des choses auxquelles vous ne vous attendez pas. Il décoche le plus souvent ses flèches de l’arrière du bus. Et le plus souvent sur Krause. » Quand on lui demanda si Krause le prenait bien, Harper répondit d’un sourire triste : « Il n’avait pas le choix, vous savez… » « Je pense que Jerry a suffisamment de recul pour reconnaître Michael pour ce qu’il est, dit Tex Winter. Il sait que Michael est une personnalité qui aime défier les gens, qui aime les rabaisser et les réprimander. Et je pense qu’il l’accepte. En fait, il n’a pas vraiment le choix au regard du grand basketteur qu’est Michael. Et Jerry est le premier à vous dire cela. Tout le monde reconnaît la valeur que Michael apporte à cette franchise. »

Dans le même temps, Winter estimait que cette situation créait de la frustration pour Krause, dans ses rapports avec l’équipe. Jordan a-t-il franchi la ligne jaune avec le GM ? « Je pense qu’il n’y avait même plus de ligne. Il la franchissait si souvent…, poursuivit Winter. Cette situation était simplement la conséquence de la rencontre de leurs deux personnalités, de leurs egos. »

Un autre employé des Bulls qui avait un accès privilégié à l’équipe confia que Jackson avait demandé à Jordan de lever le pied au sujet de Krause, ce que le GM n’a jamais cru. D’après ce témoin, Jordan répondit qu’il savait qu’il ne devait pas aller si loin mais que « parfois, (il ne pouvait pas s’en) empêcher ». « Je pense qu’ils ont évoqué la question, reconnut Winter. Phil a parlé à Michael et lui a demandé d’accepter un peu plus l’autorité quand elle venait de Jerry. Je pense qu’en ce sens, Phil a agi pour faciliter les choses. Mais pour être honnête, je pense que parfois, il n’a pas fait autant qu’il aurait sans doute dû. »

Dans les instants qui suivirent les Finales NBA 1997, un employé de l’équipe vit Jordan donner une accolade à Krause. « Il l’a pris dans ses bras et lui a fait une accolade, affirma cet employé. Ce n’était pas une simple accolade protocolaire, c’était une vraie accolade fraternelle, avec beaucoup de cœur. Puis Michael a serré la femme de Jerry, Thelma, dans ses bras. Elle était tout sourire. C’était comme une famille. » Durant l’été de confrontations et de négociations qui suivit, il n’y eut plus de câlins fraternels. En fait, il était clair que ces embrassades appartenaient définitivement au passé. »

Roland Lazenby, « Michael Jordan, The Life »
Disponible en librairie, grandes surfaces et sur les sites de vente en ligne où vous trouvez également la version numérique.
726 pages.
24 euros ; 13,90 euros en version numérique (ePub, Kindle).
Toujours disponible chez Talent Sport : Phil Jackson, « Un coach, onze titres NBA » (370 pages, 22 euros).
Editions Talent Sport : www.talentsport.fr ; www.facebook.com/Talentsport2014

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