Sortie le 9 juin dernier aux Editions Amphora, l’autobiographie de Frédéric Weis intitulée « Jusque là, ça va » revient à la fois sur la riche carrière de basketteur du pivot de 2m17, notamment médaillé d’argent aux Jeux olympiques de Sydney et membre du mythique triplé du CSP Limoges durant la saison 1999-2000, mais aussi sur la vie privée de l’actuel consultant télé.
Coécrit avec Geoffrey Charpille, journaliste à RMC Sport, ce livre se révèle être une sorte d’opération à coeur ouvert pour l’ancien pivot de l’Equipe de France qui s’y livre comme jamais. Une forme de thérapie par l’écrit : soigner les maux par les mots.
« Durant 20 ans, ma vie a tourné autour du basket. Des entraînements, des matchs, des compétitions, des voyages, des hôtels. Je reviens sur tout cela dans cet ouvrage. Malgré mon physique avantageux pour ce sport, j’ai connu beaucoup de moments de doute. J’ai voulu tout abandonner. Je ne l’ai jamais fait. Je suis fier de ma carrière. Mais j’aurais aimé être aussi fier de moi en tant qu’homme. Car j’ai été faible. Je n’ai pas peur de le dire. J’ai été harcelé à l’école, j’ai tenté de me suicider par deux fois, je n’ai pas voulu reconnaître l’autisme de mon fils. Ce sont des facettes de mon existence qui ne me quitteront pas. Et pour la première fois, j’ai décidé d’en parler librement et honnêtement. »
Que ce soit par ses deux tentatives de suicide, ou ses sautes d’humeur parfois violentes amplifiées par une consommation excessive d’alcool, Weis raconte comment la naissance de son enfant autiste, Enzo, va faire basculer sa vie dans un cycle infernal de dépression et d’incompréhension. Il explique surtout comment il a progressivement réussi à surmonter ce mal-être pour devenir le consultant télé à succès qu’il est actuellement.
Le « mea culpa » de Jeff Van Gundy
S’il en touche quelques mots au détour de la saison du triplé avec le CSP, on aurait aimé en savoir encore davantage sur l’expérience américaine de Weis après sa Draft en 15e choix (à une place de la loterie) en 1999. Le pivot tricolore explique avoir apprécié le « mea culpa » de Jeff Van Gundy, le consultant télé et ancien coach des Knicks, qui avait été particulièrement dur envers lui lors des workouts, d’autant que Weis traînait une hernie discale après une longue saison. Il nous livre sa version des faits, à savoir qu’il avait lui-même voulu rentrer pour une dernière saison en France avant de retraverser l’Atlantique à 100% de ses capacités physiques. Mais on ne sait pas vraiment pourquoi ça n’a pas suivi derrière…
Outre la fantastique épopée des Bleus à Sydney, Weis nous emmène aussi dans ses valises pour ses premiers contrats à l’étranger, notamment en Grèce pour son passage « folklorique » au PAOK où le pivot reçoit de l’argent en cash, des chèques en bois et un grand sac de poudre blanche. Mais c’est vraiment en Espagne, entre Malaga et Bilbao, que Weis s’établira comme un grand joueur européen. Pivot défensif, rebondeur et contreur, Weis avait aussi de bonnes mains pour aller finir au cercle, voire décocher une petite flèche de l’extérieur de temps à autre.
Revenu sous le maillot bleu pour décrocher une médaille de bronze inespérée en 2005, avec le fameux épisode traumatique de « grecquification » en règle, Weis narre également sa fin de carrière pour le moins chaotique en France, avec plusieurs retours au jeu, et un passage « grand écart » entre l’excellence départementale et la Pro A. Pour revêtir une dernière fois la tunique du CSP, et boucler la boucle !
Entrepreneur à succès avec son camp d’été ou sa marque de vêtements, après avoir connu quelques échecs dans la restauration notamment, Fred Weis l’avoue tout de go : il est plus heureux dans sa vie d’aujourd’hui, après avoir appris à aimer son fils comme il était. Mais c’est un équilibre qui se travaille au jour le jour…
Jusque là, ça va
Auteurs : Fred Weis et Geoffrey Charpille
Éditeur : Editions Amphora
Broché : 18 euros
256 pages