Joe Ingles, ce « fermier de 40 ans » si important pour le Jazz

« Félicitations, vieil homme. » Voilà comment Donovan Mitchell s’adresse, sur Twitter, à Joe Ingles, de neuf ans son aîné. Le rookie l’a félicité pour être rentré dans l’histoire du Jazz, il y a quelques jours. Avec ses 179 tirs à 3-points marqués jusqu’ici, l’Australien est désormais détenteur du record de franchise pour le nombre de tirs primés réussis sur une saison, juste devant Randy Foye (178), durant la saison 2012-2013. Et pas très loin devant… Donovan Mitchell lui-même, 4e de la liste (159).

https://twitter.com/Joeingles7/status/975418013464764416

« C’est un honneur de faire partie de cette franchise et de détenir un record. Certains sont intouchables, alors j’en ai trouvé un que je peux obtenir, donc c’est cool », rigole-t-il, en pensant sans doute aux plus de 36 000 points inscrits en carrière au Jazz de Karl Malone, ou aux 15 000 passes de son compère John Stockton.

S’il n’ira pas chercher ces stats légendaires, Joe Ingles n’en demeure pas moins un joueur essentiel au Jazz, surtout cette année. Comme Donovan Mitchell et Rudy Gobert, il fait partie de l’explication de cette fin de saison en boulet de canon d’Utah.

Sur les parquets, Joe Ingles ne paye pourtant pas de mine. Surnommé « Slo-Mo Joe » et même décrit comme un « fermier de 40 ans » par Rudy Gobert, l’Australien prend ça avec le sourire : « Un homme blanc au crâne dégarni, voilà à peu près ce à quoi j’ai droit ! » Ses adversaires sourient sans doute beaucoup face à lui.

Le meilleur shooteur à 3-points de la ligue !

Car avec le départ l’été dernier de Gordon Hayward, Joe Ingles a pris encore une toute autre dimension dans le jeu du Jazz. Bon shooteur depuis son début de carrière NBA au Jazz en 2014, ce joueur non-drafté et arrivé sur le tard dans la ligue, à 27 ans, a passé un nouveau cap cette saison. Au point d’être aujourd’hui le shooteur le plus adroit derrière l’arc, avec 45% de réussite, devant quelques spécialistes du genre comme Klay Thompson ou Kyle Korver.

Sur les deux derniers mois, il tourne à près de 15 points de moyenne. Mais là où le gaucher épate le plus, c’est dans son sens de la passe. Sur le mois de mars, il tourne à près de six offrandes par match. Pas un hasard si Ricky Rubio distribue beaucoup moins que dans ses années aux Wolves : Joe Ingles a beaucoup le ballon en main, et fait office de second créateur.

Cette montée en puissance était nécessaire pour cette équipe dépourvue de son leader d’antan, et accessoirement son meilleur ami dans la ligue, Gordon Hayward. « J’ai trouvé que ma free agency était beaucoup plus importante que la sienne, mais il a pris le dessus cette fois », en blague l’Australien. Certains ont d’ailleurs imaginé qu’en gardant ce dernier pour 52 millions de dollars sur quatre ans, Gordon Hayward serait davantage enclin à rester aussi. Pari raté.

Dans le Top 10 à son poste ?

Pour autant, le Jazz assure que, Gordon Hayward ou pas, la franchise voulait garder Joe Ingles.

« Ce n’était pas un arrangement Quid pro quo », défendait récemment le GM Dennis Lindsey. « Il s’agissait de deux choses séparées. On s’est retrouvés en face à face avec Joe et on a dit à Mark (Bartelstein, leur agent commun) que la décision de Joe n’avait rien à voir avec celle de Gordon. On voulait Joe, la famille Ingles. On a peut-être été critiqués pour le montant et la durée du contrat, mais on croit en lui. On sait quel genre de personne il est, le type de leader qu’il est et à quel point il est intelligent. »

Dennis Lindsey en reçoit déjà le retour sur investissement aujourd’hui.

Le GM voit même l’ailier dans le Top 10 des meilleurs joueurs à son poste : « Si vous dîtes ça à un observateur occasionnel de la ligue, ce serait une hérésie. Mais on sait ce qu’on a. » « Il veut tout faire pour l’équipe », poursuit son coach Quin Snyder. « Il a trouvé son jeu en rendant l’équipe meilleure lorsqu’il est sur le terrain. »

« C’est un gagnant », encense à son tour Rudy Gobert. « Le genre de gars que tu veux dans ton équipe pour gagner des titres. Il sait faire beaucoup de choses qui ne se voient pas dans les stats. C’est quelqu’un de très altruiste aussi, un joueur de basketball intelligent avec une grande gueule et un accent australien. »

Avec lui, le Jazz tentera de se qualifier une deuxième année de suite en playoffs. L’an passé, Utah avait battu les Clippers (dont le noyau a explosé depuis cette série), l’équipe qui avait coupé le contrat de Joe Ingles en 2014, avant son arrivée à Salt Lake City. « Je n’ai plus vraiment besoin de parler des Clippers », note l’intéressé. « On les a battus, c’était un bon moyen de tourner la page. » Tout en continuant d’en écrire une autre avec le Jazz.

Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.