Lorsqu’on est aussi rapide, il est bien difficile de s’empêcher de courir. C’est pourtant ce que fait John Wall, et sa summer league l’illustre bien. Sur quelques séquences, on a ainsi pu admirer sa pointe de vitesse mais le numéro 1 de la draft ne se précipite pas.
Capable de semer le vent, il évite de perdre ses coéquipiers et préfère gérer le tempo. C’est sans doute sa plus grande force, il a l’instinct d’un meneur.
Face aux Mavericks, Cartier Martin avait la main chaude dans le premier quart-temps. Instinctivement, Wall a donc appelé des systèmes pour son coéquipier, créant un écart que ses adversaires du soir n’auront jamais pu combler. Cet instinct, sur lequel Rodrigue Beaubois doit encore travailler pour trouver ses aises à la mène, le meneur des Wizards semble jouer avec. Serein, calme, son visage exprime très peu d’émotions.
A 19 ans, il a pris les clefs de cette équipe de summer league avec des joueurs pourtant plus âgés que lui. Etre meneur est un métier compliqué où il faut savoir gérer les sensibilités, les tickets shoot et sa propre performance. Par son leadership, Wall s’en est très bien sorti.
Bien sûr, sa sélection de shoots est encore à travailler. Et on a vu son ego se réveiller dans le dernier quart-temps du match face à Dallas lorsque Jeremy Lin, pourtant bien moins médiatisé que lui, semblait avoir pris le dessus. Wall a alors forcé ses choix et s’est installé dans un numéro de 1 contre 1 indigne d’un meneur.
Cette nuit, il a beaucoup shooté, sans véritablement de réussite, en première mi-temps. Avant de retrouver la mire et de dépasser ses adversaires en deuxième partie de match. Et c’est sans doute là une de ses plus grandes forces : quand les autres s’épuisent, lui accélère. Bien sûr, ce n’est encore que la summer league. Mais John Wall donne l’impression de toujours jouer à sa main, d’imposer son rythme sur le match, forçant son adversaire à s’adapter pour mieux le surprendre par la suite. On l’a aussi vu capable de s’effacer derrière son acolyte de la ligne arrière, lui laissant l’initiative du jeu, posté en point d’appui. De quoi rassurer par rapport à Gilbert Arenas.
On dit qu’il possède des qualités athlétiques similaires à celles de Derrick Rose. Je le trouve moins explosif et on a l’impression qu’il subit plus les contacts. En vitesse pure, par contre, il n’a rien à envier à la star des Chicago Bulls.
Il lui reste tout de même énormément de choses à travailler car on ne s’improvise pas meneur en NBA du jour au lendemain. On l’a ainsi vu gêné par des joueurs très physiques comme Dominique Jones. Néanmoins, ses accélérations ont souvent fait mouche, lui qui s’engouffre dans chaque espace libre.
Quant à sa maturité, on ne cesse de la louer. Alors que les joueurs, pressés après un match, s’arrêtent assez rapidement devant leurs fans, Wall, pourtant l’un des plus sollicités, ne cesse de signer des autographes, perdant parfois plus d’une heure pour satisfaire tout le monde.
A ceux, rares, qui remettaient en cause ses qualités de meneur et son niveau, déformés par la mythique « hype », John Wall répond par le jeu, avec calme. A son rythme, il impose l’image d’un jeune homme posé, sur le terrain et en dehors. L’effectif des Wizards, ultra-talentueux mais désorganisé, avait besoin d’une véritable direction. A 19 ans, Wall peut-il jouer ce rôle ? Tous les signes vont désormais dans ce sens. Avec comme dernier exemple en date sa belle association avec JaVale McGee.