Dennis Johnson
Dans une époque où les stars sont médiatisées de plus en plus tôt, il est bon de se rappeler que certains underdogs sur qui personne ne mettaient une piécette ont réussi à faire de très grandes carrières NBA à force de travail et de persévérance. Dennis Johnson est un de ces plus beaux exemples, et aujourd'hui je vais vous faire une petite rétrospective de cette légende.
Ealry Life :
Dennis Wayne Johnson nait le 18 septembre 1956 à San Pedro en Californie. Sa mère est travailleuse sociale et son père maçon. Il grandit dans les quartiers de Compton, dans la banlieue de Los Angeles. Etant petit, Dennis est principalement un fan de base-ball et il jouera en little league jusqu’à ce qu’il devienne lycéen. Il est loin d’être vu comme un prospect au début de sa carrière de basketteur, ses mensurations étant loin d’être exceptionnelles à l’époque. Dennis est listé 5’9 (1m75) et n’arrive pas à trouver sa place dans la rotation de la Dominguez High School. Après le lycée il ne reçoit évidemment aucune bourse universitaire et commence donc quelques petits jobs. Il joue également beaucoup au basket dans diverses ligues d’été et sur les play-grounds angelinos. Mais durant cette période, DJ grandit énormément et dépasse les 1m90, ce qui lui permet de jouer dans une toute autre dimension. Ses jambes aussi se développe et sa détente lui permet à ce moment de capter énormément de rebonds même contre des adversaires plus grands que lui.
Jim White, alors coach d’une équipe de Junior College (Los Angeles Harbor College) repére le joueur dans des match de street-ball et voit en lui le potentiel de devenir un défenseur d’élite. Dennis Johnson intègre l’équipe et affichera des stats de 18 points et 12 rebonds par match durant ses deux années, mais de nombreuses altercations avec les coachs lui vaudront la réputation d’être un joueur à fort caractère et cela limite le nombre d’équipe lui faisant des offres de bourses pour la fin de son cursus. DJ choisit l’université de Pepperdine située à Malibu, et finit son unique saison en NCAA avec près de 16 points, 6 rebonds et 3 assists contre les meilleurs joueurs de son âge, ajoutant à tout cela une défense extrêmement rugueuse. Il décide de se présenter à la draft de 1976, sachant néanmoins qu’il pourrait être snobé car les équipes NBA se montrent de moins en moins motivées à drafter des joueur à la réputation de faiseurs de trouble.
Draft NBA et l’aventure Supersonic
Dennis est finalement drafté par Seattle avec le 29ème choix de la draft 1976. Pour vous situer dans le temps, la NBA est encore dans sa période sombre qui verra éclater plusieurs gros scandales un peu partout (plusieurs joueurs alcooliques ou cocaïnomans consommant en plein match, beaucoup de bagarres, la fusion avec la ABA…). Il faudra encore attendre 3 ans avant de voir la ligne a trois points dessinée sur les parquets de la ligue.
DJ arrive dans une équipe de Seattle très jeune et coaché par personne d’autre que Bill Russell ! Nul ne doute que pour un défenseur comme Johnson, pouvoir apprendre le basket pro de la seule personne à l’époque qui compte plus de bagues que de doigts est du pain béni. DJ doit pourtant faire ses preuves en commençant sur le banc et en ne jouant qu’une vingtaine de minutes par match, avec comme mission principale de stopper le meilleur arrière adverse et d’apporter de l’énergie. Et en seulement 20 minutes de moyenne, il arrive à voler 1.5 ballons par match et à prendre 2 rebonds offensifs chaque soir (cette saison Russell Westbrook en prenait 1.7 par match en 35 minutes !). L’équipe finit néanmoins avec un bilan négatif (40-42) et verra son coach démissionner.
L’équipe démarre mal la saison suivant à cause d’une transition de coach et perd 17 de ses premiers 22 match. L’entraîneur Bob Hopkins sera remplacé en cour de saison par Lenny Wilkens, qui décidé de lancer Dennis Johnson dans le cinq de départ au poste d’arrière aux côtés du meneur Gus Williams. Les Sonics, qui viennent de drafter un certain Jack Sikma au poste de pivot, renversent la tendance du début de saison et réussissent un run incroyable qui leur permet de finir la saison avec 47 victoires pour 35 défaites et de se qualifier pour les play-offs. Mais les jeunes Sonics ne veulent pas se contenter de ça, et coup sur coup ils éliminent les Los Angeles Lakers, les champions sortant de Portland et les Denver Nuggets et se qualifient donc pour les Finals NBA contre les Washington Bullets.
Les Sonics commencent fort la série et mènent 3-2 au terme du match 5 et sont donc à une victoire de remporter le titre. Dennis bloque même 7 shoots dans le match 3, ce qui est un record pour un arrière dans un match de final. Seattle s’incline cependant dans les deux derniers match décisifs et voit les Bullets soulever le trophée, Dennis ayant notamment loupé les 14 shoots qu’il a pris durant le game 7. Il avouera plus tard qu’il a simplement chocké, ce qui est compréhensible pour un sophomore qui ne s’était sûrement pas préparé à jouer un match décisif en Finals après son début de saison.
La saison suivante est celle de la revanche pour Seattle, puisque après avoir finit la saison avec un bilan de 52 victoires les Sonics atteignent les Finals une fois de plus contre Washington et gagnent la série 4 victoires à 1. Dennis Johnson aligne des moyennes de 23 points par match, accompagné de 6 rebonds et 6 passes ainsi qu’une défense toujours autant féroce. Il se voit remettre le trophée de MVP des Finals alors qu’il n’est âgé que de 24 ans. C’est durant cette saison que Dennis est reconnu comme un des meilleurs guards de la ligue, jouant notamment au All-star game et étant élu dans la first-all nba defensive team pour la première fois.
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La saison suivante, DJ aligne 19 points, 4 assists, 5 rebonds, 1.8 interception et 1 contre par match. Cela lui vaut une nomination au All-star game, une autre first-defensive team et même une place dans la second All-NBA team. Seattle devra s’incliner contre les Los Angeles Lakers d’un Magic Johnson rookie et de Kareem Abdul-Jabbar qui iront remporter le titre dans la foulée. Le coach Wilkens, las du tempérament de DJ demandera à ce qu’il soit échangé. Il part donc à Phoenix en échange de Paul Westphal et de quelques choix de draft. L’équipe gagnera 22 match de moins sans Johnson, et il faudra attendre l’explosion de Shawn Kemp et Gary Payton 20 ans plus tard avant de revoir des espoirs de titre dans la cité émeraude.
3 piges dans le désert de l’Arizona
Pour la première fois de sa carrière, Johnson devient la première option offensive de son équipe, tout en apportant toujours un impact défensif important. Il participe à 2 All-star games et est présent dans la First All-NBA team durant la saison 1980-1981. Pour ce qui est des All-defensive teams, il squatte toujours la première équipe durant ses trois saisons en Arizona. Néanmoins la conférence Ouest est relevée et il ne dépassera pas la demie-finale de conférence. Jerry Colangelo, alors GM de la franchise, décide de le trader après plusieurs incidents avec son coach durant l’été 1983. Boston, qui a déjà gagné un titre depuis les arrivées de Bird, Parish et McHale, décide d’envoyer Rick Robey et plusieurs choix de draft à Phoenix en échange de Dennis Johnson.
La légende avec Boston
Depuis l’arrivée de Bird à Boston (1979), les Celtics ont souvent souffert contre les Philadelphie 76’s car leur back-court était assez faible défensivement et n’arrivait pas à gêner Andrew Toney et Maurice Cheeks qui pouvaient diriger le jeu Philadelphois avec beaucoup de facilité et ainsi servir dans les meilleurs conditions Dr. J et Daryl Dawkins notamment. Red Auerbach parie donc sur Dennis Johnson pour régler les problèmes défensifs de l’équipe et pense que c’est le parfait joueur pour sublimer le front-court Bird-McHale-Parish. Boston devient directement une des meilleures défenses du pays et le talent offensif du front-court garanti un jeu offensif léché et intelligent. Johnson a toujours rêvé de jouer pour cette franchise et Auerbach devient son mentor et ses problèmes de caractère ne viendront plus gêner sa relation avec son nouveau coach, KC Jones.
Pour la 3ème fois de sa carrière NBA, Johnson dû modeler son rôle offensif en arrivant dans sa nouvelle équipe. En effet, après avoir été un energizer à Seattle et un scoreur all-around à Phoenix, Johnson découvre un nouveau rôle en temps que meneur de jeu et doit donc la plupart du temps trouver les stars intérieures et se contenter des shoots ouverts. Sur ce nouveau poste, Johnson excelle toujours en défense car il a désormais un avantage de taille certain sur la plupart de ses opposants.
Là où la plupart des arrières ayant joué avec ce front-court de légende ne savait pas vraiment quelle place ils pouvaient occuper en attaque, Johnson lui a assez confiance en lui pour prendre les shoots que lui donnent la défense adverse et cela permet d’apporter une variation dans le jeu celte. C’est ainsi que DJ obtient la nouvelle réputation de joueur très clutch, capable de rentrer des shoots décisifs notamment en 1985 dans un match de Finals où il rentre un buzzer-beater à mi-distance contre les Lakers du Showtime ou de marquer un lay-up dans les dernières secondes d’un match contre Detroit, après une interception passée inaperçue par Bird dans les ultimes secondes d’un match peu important des finales de conférences 1987…
Les problèmes défensifs de l’équipe derrière eux, Boston gagne le deuxième titre de l’ère Bird dans la foulée de l’arrivée de Johnson en 1984. Deux ans plus tard et après l’arrivée d’un certain Bill Walton sur le banc, les Celtics regagnent le titre en 1986 après une des années les plus aboutie de l’histoire de la franchise au trèfle qui voit notamment les Celtics finir avec un bilan de 40 victoires et 1 seule défaite à domicile, record égalé par les Spurs et les Warriors en 2016. Je ne m’étendrai pas plus sur les résultats collectifs de Boston, ayant déjà écrit plusieurs articles sur des joueurs de cette équipe mythique.
Johnson aligne les sélections en All-defensive first et second team, et se fait remarquer par sa capacité à apporter des petites choses au jeu des Celtics, notamment dans un match de demi-finale de conférence contre Milwaukee où dans les derniers instants d’un match décisif il plongera pour sauver une balle qui allait sortir, se retourne en plein air et lance la balle sur son ancien co-équipier Jack Sikma qui la met dehors, DJ ayant donc sauvé une possession cruciale pour son équipe.
Le déclin commence pour lui dans la fin des années 80 après les blessures à répetitions de Bird, la mort de Len Bias et l’obstacle des Detroit Pistons pour arriver en Finals. Son apport sur le terrain baisse progressivement, et il décide de prendre sa retraite à l’été 1991 quand les Celtics lui font comprendre qu’il ne fait plus parti des plans de l’équipe.
Son passage à Boston lui aura permis de jouer un all-star game supplémentaire en 1985 et d’être élu dans la deuxième équipe défensive de la ligue en 84,85 et 86, et de retrouver la première équipe en 1987 (alors que de sérieux concurrents défensifs à l’arrière sont plus jeunes que lui).
Et parce que des fois les paroles de légendes valent plus que les distinctions, voici ce que les deux principaux protagonnistes de la NBA dans les années 80 ont à dire sur Dennis :
Magic Johnson lui envoie ainsi un télégramme où il le nomme « le meilleur défenseur périphérique de tous les temps » et Larry Bird lui même le décrit comme le meilleur ce-équipier avec qui il ait joué. Pas mal pour un joueur qui n’arrivait pas à trouver du temps de jeu dans son lycée de Californie et qui s’est fait baladé d’équipe en équipe tout au long de sa vie avant de trouver la stabilité à Boston.
Dennis décède en 2007 à l’âge de 51 ans d’une crise cardiaque pendant un pick-up game, devenant un des premiers cas de joueur ayant joué dans les années 70 à être décédé d’une crise cardiaque très jeune, soulevant ainsi la question du dopage à l’époque.
Palmarès :
3 titres NBA (79, 84, 86)
1 MVP des Finals (79)
5 nominations au All-star game (79, 80, 81, 82, 85)
6 sélections en All-NBA first team (79, 80, 81, 82, 83, 87)
3 sélections en All-NBA second team (84, 85, 86)
2 apparitions en All-NBA team (80 second, 81 first)
Son maillot floqué du numéro 3 est retiré par Boston en 1991
Membre du Hall-of Fame, néanmoins il y sera introduit à titre posthume.
Sa page Basketball-reference
Bonus :