Focus sur le début de saison des Raptors
by Nibali
Le début de saison raté (4 victoires seulement lors des 23 premiers matchs) des Raptors est très loin des ambitions et des espérances affichées par la franchise canadienne. Retour en arrière…
Une saison 2011-2012 et un recrutement plein de promesses
Si, à première vue la saison 2011-2012 de Toronto fut médiocre sur le plan statistique (23 victoires pour 43 défaites, 11eme à l’Est à 12 victoires des playoffs), les fans des Raptors avaient des raisons de croire à une bonne saison 2012-2013.
D'abord grâce à l’arrivée du coach Dwane Casey il y a un an, champion avec Dallas en 2011 (assistant coach spécialiste de la défense) embauché par Brian Colangelo pour tourner définitivement la page de l'attaque à tout va installée par Sam Mitchell en 2004 et perpétuée par Triano jusqu'en 2011, ensuite par les bons résultats affichés par l'équipe lors de l'exercice précédent lorsque l'effectif était au complet.
Dwane Casey, nouveau coach pour un nouveau cycle
Pour sa 1ère saison, Casey rempli son contrat, faisant des Raptors l’une des 10 meilleures défenses de la NBA alors que l’équipe était parmi les 4 plus mauvaises défenses de la League la saison précédente.
Le recrutement malin à l’intersaison de Kyle Lowry, meneur à tout faire des Rockets, de Landry Fields, révélation des Knicks dans sa 1ere année et l’arrivée du rookie Jonas Valanciunas au poste de pivot suffisent à donner espoir aux fans de voir leur équipe se battre pour l’accession en playoffs. Des playoffs qu’ils n’ont connu uniquement sous l’ère Vince Carter (2000, 2001, 2002) et Chris Bosh (2007, 2008).
Etat des lieux.
Les vieux démons resurgissent
Après une pré-saison quasiment parfaite (6 victoires, 1 défaite), c’est avec beaucoup d’espoirs mais peut être aussi beaucoup de pression que les Raptors entament leur saison 2012-2013. Et les vieux démons vont resurgir.
Les faiblesses défensives, pourtant gommées par Casey, refont surface pour frapper de plein fouet une équipe qui se transforme en gruyère sur les phases défensives. Le déficit athlétique du roster des Raptors a toujours été pallié par la défense 2-3 zone si chère à Dwane Casey, mais une zone avec des nouveaux joueurs qui n’arrivent pas à l’assimiler, cela laisse des tirs ouverts part dizaine à chaque match et le résultat se paie cash, 45.6% de réussite aux tirs pour les adversaires alors que Toronto peine en attaque avec un faible 43.0% aux tirs.
Là où la zone devient catastrophique, c’est qu’elle ne permet même pas aux Raptors d’être dominateur dans la raquette. Les points dans la peinture pour les adversaires se cumulent (43.5 pts encaissés par match, contre 37.0 pts inscrits par match) et la bataille aux rebonds est fréquemment perdue (10 fois remportée, 17 fois perdue pour un bilan de 73.2% de rebonds défensifs pris contre 75.5% pour l’adversaire).
Autre faiblesse défensive, le jeu en transition. A partir du moment où l’adversaire se lance très vite en contre-attaque, la défense collective est dépassée, laissant de multiples choix aux contre-attaques adverses de se concrétiser (14% des pts encaissés le sont en contre-attaque). Afin de résoudre ce problème au maximum, les Raptors affichent un tempo lent (10e tempo le plus lent de la NBA), mais qui a pour conséquence un nombre de points « facile » en contre-attaque extrêmement réduit (9% des pts inscrits, 16 des 27 matchs se sont terminés avec moins de 10 pts inscrits en contre attaque).
Déséquilibre récurrent
Si le roster des Raptors parait équilibré sur le papier, sur le terrain le constat est tout autre. La présence dans la raquette se limite à Jonas Valanciunas dans le 5 de départ, Bargnani dézonant constamment derrière la ligne à 3 pts. Inutile de dire que le rookie, esseulé, est très souvent en difficulté sur les phases offensives et défensives.
Jonas Valanciunas esseulé près du cercle, symbole récurrent du manque de présence des Raptors dans la raquette
Un déséquilibre qui se corrige avec la 2nd unit, portée par Amir Johnson et Ed Davis, véritable bâtons de dynamite qui n’hésitent pas à livrer la bataille sur chaque ballon qui traine dans la raquette et près du cercle. Néanmoins l’apport des deux « big men » en sortie de banc ne suffit pas à régler le problème offensif majeur des Raptors, à savoir le jeu au poste bas.
Peu ou pas de menace intérieure, cela oblige les artilleurs longue distance à user et abuser de tirs à 3 pts (26.5% des tirs tentés sont à 3 pts, contre 23.0% pour l’adversaire) et quand on est une équipe en plein doute, la réussite n’est que très rarement au rendez-vous (32.8% contre 36.4% pour l’adversaire).
Calderon/Lowry, il faut choisir
Autre constat, la difficile cohabitation de Kyle Lowry et José Calderon au poste de meneur. Les deux joueurs pouvant prétendre à une place de titulaire, c’est Lowry qui bénéficie de ce statut puisque le GM, Brian Colangelo, ayant clairement affiché son ambition pendant l'été de tourner la page Calderon aux Raptors.
Mais l’espagnol, meilleur passeur de l’histoire des Raptors, n’est pas du genre à se laisser faire sur le banc. Profitant des blessures de Kyle Lowry, il a démontré une fois de plus qu’il était le cerveau de l’équipe, menant d’une main de maitre toutes les offensives des Raptors, multipliant les bons choix en restant l’un des meneurs les plus propres de la NBA (4e au ratio passes/balles perdues derrière Chris Duhon, Chris Paul et Jason Kidd).
Mieux encore, il est désormais tout terrain, cumulant déjà 2 triple-double cette saison (les premiers de sa carrière), ajouté à ses habituelles stats aux tirs (13.5 pts/m, 47-48-84% aux tirs en tant que titulaire) et sa vista génialissime pour délivrer les caviars (11.5 asts/m en tant que titulaire), les Raptors ne sont jamais mieux menés qu’avec Calderon et le bilan quand l’espagnol est titulaire est équilibré (6 victoires, 6 défaites).
José Calderon, meilleur passeur de l'histoire de la franchise, bouscule la hiérarchie
Si Kyle Lowry a effectué des débuts fracassants avec les Raptors (3 matchs de suite à + de 32 d’eval), il a été fauché en plein vol par une blessure (entorse de la cheville sur une mauvaise réception face à OKC). Et depuis il n’est que l’ombre de lui-même, malgré un match de mammouth face aux Kings (34 pts, 11 passes), il peine à retrouver ses standards et surtout il semble plus que jamais déstabiliser par les très bonnes performances de Calderon, son back-up qui n’en porte que le nom.
De plus, le bilan de Toronto lorsqu’il est titulaire est catastrophique, seulement 2 victoires pour 13 défaites, suffisant pour remettre en question le statut de Kyle Lowry à Toronto, où Calderon bénéficie d’une côte d’amour énorme auprès du public de l’Air Canada Centre.
Dwane Casey ayant tenté plusieurs fois d’associer les deux joueurs sur le terrain, pour le moment cela pose plus de problèmes qu’il n’offre d’avantages. Si en attaque l’équipe s’en sort bien, se retrouver avec Calderon et Lowry en défense backcourt accentue encore un peu plus les problèmes défensifs des Raptors. Autant dire qu’il est inutile d’aggraver le problème n°1 en ces temps difficiles.
L’énigme Andrea Bargnani
La faillite des Raptors implique inévitablement la recherche de(s) coupable(s). Inutile de préciser que tous les regards se tournent tout de suite vers Andrea Bargnani…
1st pick en 2006, il devait devenir le « Nowitzki » des Raptors, l’homme sur qui la franchise allait s’appuyer pour construire une nouvelle ère après Carter et Bosh. L’italien qui est dans sa 7e saison NBA est définitivement très loin des espérances et le pari de Colangelo semble être un échec total.
Bargnani avait pourtant affiché un niveau digne des meilleurs attaquants NBA au début de l'édition 2011-2012. Malheureusement une blessure au mollet le coupa dans son élan et depuis les rechutes se multiplient, l’italien ayant perdu totalement le niveau de jeu qu’il affichait un an auparavant.
Mais ce que personne ne pardonne à l’italien, c’est son manque de présence dans la raquette et surtout aux rebonds. Pour un joueur de sa taille (2m13), tourner à moins de 5 rebonds par match dans une équipe qui ne compte pas de rebondeurs exceptionnels, ça ne passe pas, ni auprès des fans, ni auprès des spécialistes. Si sa « tendresse » pouvait être pardonnée dans ses premières années, aujourd’hui il n’y a plus aucune excuse, Andrea n’a pas su s’adapter au jeu NBA comme a pu le faire Dirk Nowitzki avant lui.
Andrea Bargnani perdu dans ses pensées, symbole d'un joueur en manque de confiance
Et au moment où Bargnani rechute une énième fois contre Portland, il déclare dans la presse que Toronto est « la pire équipe de la NBA », pas le meilleur moyen d’apaiser le climat qui règne autour de lui.
Coup de massue ultime, depuis cette déclaration les Raptors ont enchainé 4 succès consécutifs, une performance qui ne s’était plus produite depuis plus de 2 ans. De quoi fragiliser (si c’était encore possible) la situation de l’italien à Toronto dont le voyage parait plus que jamais en fin de parcours.
Le redressement
Néanmoins tout n’est pas noir en ce début de saison de l’autre côté du Lac Ontario, les 4 victoires consécutives (Dallas, Houston, Cleveland, Detroit) reflètent ce que les fans attendaient : des joueurs qui jouent pour l’équipe, un jeu équilibré et cohérent.
Le déséquilibre intérieur est partiellement effacé par la titularisation d’Ed Davis avec Jonas Valanciunas en l’absence d’Andrea Bargnani. L’arrivée de Mickaël Pietrus au poste 3 apporte son expérience en défense et en attaque, la titularisation de Calderon à la place de Lowry équilibre la mène (Lowry possédant le défaut de vouloir trop en faire). Tous ses éléments permettent à DeMar DeRozan, nouveau leader offensif, de s’exprimer pleinement en attaque.
Lui qui a signé son extension de contrat lors du dernier jour (le 31 octobre) a pour mission de devenir le Franchise Player des Raptors. Si il n’était qu’un scoreur efficace proche du cercle dans ses 2 premières années, depuis 1 an il progresse à grand pas dans tous les secteurs de jeu. Tir fiable à mi-distance et longue distance à 2 points, mais encore trop fébrile derrière la ligne des 3 points, il apporte son énergie quand l’équipe a besoin de batailler aux rebonds. De plus il n’hésite plus à passer la balle après ses multiples pénétrations, offrant à ses équipiers des tirs extérieurs grand ouverts.
Les « remplacants », turbo de l’équipe
Enfin il serait injuste de parler du redressement des Raptors sans parler des « remplaçants » qui n’en ont que le nom puisque coach Casey n’hésitant pas à donner la trentaine de minutes à un joueur sorti du banc si il le mérite.
Véritables facteurs X du jeu de Toronto, les Amir Johnson, Alan Anderson, Terrence Ross, Linas Kleiza et John Lucas III ont tous un grand rôle à jouer dans les succès des Raptors.
Amir Johnson, energizer #1 de la 2nd unit de Toronto
Amir Johnson en rotation des intérieurs pour apporter des rebonds, de l’énergie en attaque et de la défense.
Alan Anderson véritable clutch player des 4e quart-temps (58 pts en sortie de banc sur les 3 dernières victoires) et toujours bien placé pour choper un rebond offensif crucial ou piquer un ballon dans les mains d’un intérieur adverse étourdi.
Terrence Ross (8e de la draft 2012) affichant des qualités athlétiques rappelant les plus belles heures de Vince Carter, possédant d’ores et déjà un shoot longue distance dévastateur, mais pêchant encore dans sa sélection de tirs comme beaucoup de débutants un peu trop enthousiaste à leurs débuts en NBA.
Linas Kleiza, capable de flamber à 3pts en enchainant les tirs primés, il apporte son expérience à l’intérieur (son poste avec la Lituanie) et même si ses stats aux rebonds semblent mauvaises (2.6 rebs/m en 20 minutes), il travaille dans l’ombre, bloquant régulièrement les adversaires pour que ses équipiers puissent prendre les rebonds plus facilement.
Enfin John Lucas III, lui qui a débuté la saison avec des statistiques épouvantables aux tirs (et accessoirement connu sur la toile pour avoir été le « mouton » de LeBron James), apporte désormais sa rapidité (certainement l’un des joueurs les plus rapides de la NBA) pour déstabiliser les défenses, ses passes (3.4 asts/m lors des 5 dernières sorties en 16 minutes) et ses tirs longue distance quand les positions sont ouvertes (7.0 pts/m sur les 5 derniers matchs).
Conclusion
Si le début de saison de Toronto fût déprimant pour les fans, les raisons d’espérer existent après une belle série de victoire. Le mauvais départ risque d’handicaper fortement les Raptors dans la course aux playoffs cette saison (bilan actuel de 8 victoires pour 19 défaites), mais Toronto ne sera pas la risée de la ligue, loin de là et il ne serait pas étonnant de les voir accrocher quelques victoires de prestige après des défaites étriquées (défaite en double OT contre les Spurs, courte défaite contre les Nets avec seulement 8 joueurs valide).
Enfin il faudra voir comment le retour de Kyle Lowry sera géré et surtout comment le cas d’Andrea Bargnani, plus que jamais sur la selette, sera traité avant de pouvoir, réellement cette fois-ci, penser à bâtir une équipe capable d'accrocher régulièrement les playoffs.