Magic & Larry, la saga

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Magic & Larry, la saga

Post by MintBerryCrunch » 21 June 2017, 23:22

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Magic Johnson VS Larry Bird
Par MintBerryCrunch


Bill Russell et Wilt Chamberlain, Paul Pierce et Lebron James, Tim Duncan et Kevin Garnett, toutes de très belles rivalités mais en NBA le mot rivalité ne doit en évoquer qu'une : Magic Johnson et Larry Bird. Même taille, même poids, jeux similaires, arrivé en NBA la même année, des confrontations à enjeu crucial, un esprit de compétition énorme des deux côtés, un joueur jouant pour les Lakers, l'autre pour les Celtics, un blanc et un noir, un gars de la ville et l'autre de la campagne, un homme qui vie que pour se montrer et un timide, tout y était pour mettre le feu au poudre à la ligue. Faisons une petite rétrospective sur la rivalité de ceux qui restent deux des meilleurs joueurs de basketball de tous les temps.



Enfance de Magic :

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Earvin Johnson naît le 14 août 1959 à Lansing, la capitale de l'état du Michigan, dans une famille très nombreuse. En effet, son père Earvin senior a déjà 3 enfants d'un mariage précédent puis 7 avec sa femme Christine. Earvin est le 7ème enfant de la fratrie, et grandit dans un environnement modeste prônant le travail dans tous les domaines. Dès l'âge de 10 ans, il nettoie le bureau de deux entrepreneurs afro-américains, ce qui motivera beaucoup Johnson pour son avenir car il a devant ses yeux un signe que l'homme noir de la deuxième moitié du XXème siècle peut avoir du succès.

Pourtant, à son entrée à la Sexton High-School, les tensions raciales sont encore un grand problème aux USA. En effet, nombreuses sont les bagarres entre les étudiants noirs et blancs. Earvin lui préfère squatter la salle, et ses stats de l'époque sont déjà hallucinante : 28.8 points et 16.6 rebonds et le titre de champion d'état en plus de ça. Son surnom Magic lui sera donné à cette époque là, si il le trouve un peu bizarre au début il se dit qu'il correspond bien à son jeu et tout le monde va commencer à l'appeler par celui-ci.

Enfance de Larry Bird

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Larry Bird naît lui le 7 décembre 1959, 18ème anniversaire de l'attaque de Pearl Harbor. Il grandit à French Lick, un petit village très pauvre de l'Indiana dans une famille tout aussi nombreuse que celle de Johnson. Il est le 4ème enfant d'une famille de 6, et leur situation financière oblige ses parent à avoir deux jobs en même temps. En effet, les revenus de la famille n'excèdent que rarement les 50 dollars par semaine. Son père Joe est le héros du petit Larry et son meilleur ami, malheureusement il restera hanté toute sa vie des atrocités de la deuxième guerre mondiale dans laquelle il a combattu. C'était également un très grand bosseur, Larry ayant des souvenirs où il devait aider son père à enlever ses bottes pleines de sang avec ses frères. Il rentrera dans la Spring Valley High-School dans laquelle il fera des débuts timides avant de totalement explosé dans sa dernière année : 30.6 points, 20.6 rebonds et plus de 5 passes par match. La salle du petit village accueille souvent plus de gens que sa population, Larry devient une vraie légende locale qu'on n'hésite pas à surnommer The Hick of French-Lick.

Une promotion plus vieux que Johnson, Bird reçoit une bourse universitaire pour jouer avec les Hoosiers dans la mythique fac d'Indiana, mais Bird ne tiendra pas longtemps : le choc de cette nouvelle vie pour un jeune homme qui a toujours vécu comme un fermier est trop grand, il décide de quitter la fac après quelques semaines seulement. Le suicide de son père plus tard dans l'année n'arrangera en rien les choses, et Bird perd ses ambitions de basketteurs et pense à ce moment que son histoire se continuera pour toujours à French Lick. Heureusement, Bill Hodges insistera longuement pour que Bird rejoigne la plus petite université d'Indiana State University, et sans lui qui sait à quoi ressemblerait la NBA aujourd'hui...



La NCAA :

Indiana has a new state Bird 

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Larry Bird rejoint donc l'université de l'état d'Indiana en 1976 et fera directement explosé les compteurs : 32 points, 13 rebonds et 4 passes par match et il mène son équipe à la March Madness pour la première fois de son histoire. L'aventure se terminera assez tôt cette année, mais Bird continue d'impressioner et des chansons sont même écrites à sa gloire. Devenue une vrai star nationale, il continuera de s'améliorer l'année suivante malgré une petit baisse statistique mais emmènera son équipe en quart de finale, ce qui lui permettra d'être élu All-American pour la première fois. L'année suivante sera l'année de la confirmation puisqu'il dirigera ISU à un bilan parfait de 33 victoires pour aucune défaite avant d'affronter les Spartans de Johnson en finale. Ses stats de l'année : 28.6 points, 14.9 rebonds et 5.5 passes de moyenne, le tout avec 53 % aux tirs et 82 % aux lancers francs. Il raflera le titre de meilleur joueur universitaire du pays cette même année. Fait intéressant et peu connu, il a également joué pour l'équipe de Baseball de l'université, mais il y a connu un succès beaucoup moins important évidemment.

Magic Spartacus

Magic reçoit plusieurs offres de bourses pour jouer en College, dans le lot on peut citer Indiana ou UCLA encore, et on peut donc se dire que l'association Bird/Magic en NCAA aurait tout à fait pu avoir lieux sous le maillot des Hoosiers et qui sait à quel point cette équipe aurait pu dominer la ligue. Mais la personnalité de Magic l'a fait choisir son université avec le coeur, et c'est pour cela qu'il décide de rester jouer à Lansing. Dès lors deux choix sont possibles pour Earvin, Michigan et Michigan State. Il prend sa décision après un entretien avec Jud Heathcote, le coach de MSU, qui lui assure qu'il pourra jouer au poste de meneur de jeu. MSU a également une belle équipe en dehors de Magic, et il arrive donc sur le campus en 1977. Si à ses débuts il dit ne pas vouloir faire carrière dans le basketball mais se concentrer sur ses études de télé-communications, son succès lui fera vite changer d'avis. Il mène les Spartans aux quarts de finale de la March Madness dès sa première saison avec des statistiques moins ronflantes que Bird mais tout aussi bonnes dans le contexte : 17 points, 7.9 rebonds et 7.4 assists, avec un jeu déjà très spectaculaire. No look passes, poster dunks monstrueux, remontés de terrain avec toutes sortes de crossovers, Magic fait vraiment rêver. Tel Spartacus en son temps, Magic conduit sa troupe en tant que leader incroyable qui n'hésite pas à se sacrifier pour le reste de l'équipe. La saison suivante il ajoutera une assist de plus a ses moyennes et mènera MSU à la finale de la March Madness contre un certain Larry Bird...

The most watched game in college history

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Le 26 mars 1979, tous les yeux américains sont rivés sur Salt Lake City. 1/4 de l'audience télévisuelle regardera le match en live. Michigan State University affronte Indiana State University et son bilan vierge de défaite. Sur le papier, Bird est innarêtable mais le reste de son équipe semble bien plus faible que celle de MSU. En demi-finale, Bird a eu de la peine à éliminer l'université de DePaul avec un score de 76 à 74 là ou Michigan State a mit la correction à Penn 67 à 101. Le match s'annonce déjà légendaire, et tout le monde le sait. Comme le premier combat entre Frazier et Ali, on sait qu'on a affaire au début d'une très grande rivalité qui risque de dépasser les simples limites du sport. Le match sera de bonne qualité mais malheureusement les deux stars ne seront pas très efficaces au shoot. Il ne fallait pas être très intelligent pour comprendre la stratégie qu'il fallait utiliser contre ISU, empêcher Larry de recevoir le ballon et quand c'est le cas le triplé. Ainsi il y avait toujours 2 joueurs sur Bird, et certains analystes parlaient même de faire une boxe-one spéciale sur Bird , en mettant 4 joueurs sur lui et 1 joueur en zone sur le reste de l'équipe (pour ceux ne connaissant pas ce terme, la boxe-one normale consiste à jouer 4 joueurs en zone et 1 joueur sur le meilleur scoreur adverse). Larry Bird le dira lui même 30 ans plus tard, c'était le plus gros match de sa vie et il n'a pas du tout bien joué. Le match n'aura pas été un blow-out, mais il n'aura pas eu le suspens attendu. 75-64 pour la bande à Johnson, qui sera élu Most Outstanding Player du tournois, la rivalité est belle et bien commencée et Bird aura un arrière-goût de défaite amer qu'il voudra enlever au plus vite, un compétiteur comme lui a besoin de gagner pour dormir la nuit. Bird sera quand même élu meilleur joueur universitaire de l'année au détriment de Magic, une preview de leur première saison en NBA ?

Le contexte de leur arrivée en NBA:

Les règles d'éligibilité à la draft n'étaient pas les même dans les années 70, c'est pour cela que Bird est déjà drafté à la 6ème place de la draft 1978 par les Boston Celtics après son année de sophomore. A l'époque il a le droit de finir son cursus avant de signer un contrat professionnel ce qui lui permettra de faire cette fameuse saison 78-79 précédemment racontée. Magic Johnson lui se présentera à la draft après son titre où il sera drafter à la première place par les Los Angeles Lakers. Les deux joueurs arrivent dans des franchises déjà mythiques à l'époque, et le destin a fait les choses à la perfection tant elles sont à l'opposé. Boston, ville peuplée majoritairement de descendants Irlandais, accueille Larry Bird, personnalité discrète mais redoutable compétiteur et qui colle donc à la culture de la victoire de la franchise (13 titres nationnaux déjà). Magic lui atterrira à Los Angeles, deuxième franchise la plus titrée à l'époque également (6 titres). Hollywood, le prestige, l'exposition médiatique, le manoir play-boy... Tout est là pour plaire à Johnson. East Coast VS West Coast, un Afro-américain contre un descendant d'Irlandais, une équipe prônant le Showtime et l'autre un jeu rugueux mais diablement efficace, on aurait pu croire à un complot de la NBA tant les deux joueurs n'auraient pas pu être draftés dans des environnements leur convenant mieux. L'occasion parfaite pour la NBA de relancer son audience qui a une peine folle à remonter, se faisant totalement dominer par le basketball universitaire ou les autres sports majeurs américains. En effet, entre les bagarres, les joueurs solistes, la fusion avec la ABA, les scandales de drogues touchant la ligue, l'image de la NBA est au plus bas aux yeux des Américains. Larry Bird signera un contrat de 3.25 millions de dollars sur 5 ans, le plus gros contrat signé par un rookie à l'époque. Si ce salaire a l'air ridicule aujourd'hui, il faut savoir qu'à l'époque le salaire minimum était de seulement 65 000 dollars, soit 10 fois moins que l'actuel. La première règle adoptée par la NBA s'appelant Bird n'est pas la Bird Rules pour prolonger certains joueurs sans tenir compte du salary cap mais bien la Bird Collegiate Rule qui interdira les joueurs à retourner à la fac après avoir été draftés.


La course pour le titre de rookie de l'année... Et peut-être plus

La course aux pronostiques est lancée, qui de Johnson ou de Bird décrochera le titre de rookie de l'année ? Jamais nous n'avions vu deux tels talents être rookie en même temps, et ça n'a d'ailleurs jamais été revu. Là où Bird est directement propulsé au rang de sauveur de l'équipe (voir même de la ville), Johnson lui arrive dans l'équipe de Kareem Abdul-Jabbar, son idole et meilleur joueur des années 70 mais qui n'arrive pas à faire gagner un titre à la cité des anges.

La saison précédant leurs arrivées, Los Angeles engrange 47 victoires tandis que Boston n'arrivere même pas à se qualifier en play-offs, cumulant à peine 29 victoires à la mi-avril.
Le bilan des deux équipes à la fin de la saison régulière 79-80 et l'arrivée des prodiges ? Premier et deuxième de la ligue. 61 victoires pour Boston, 60 pour LA. Si aujourd'hui il est impossible d'imaginer un rookie apporter 32 victoires à son équipe, le Hick de French Lick l'a fait. Vous voulez quelques stats ? 21 points, 10.4 rebonds et 4.5 assists par rencontre pour Bird (qui joue Power Forward à l'époque) et 18 points, 7.7 rebonds et 7.3 assists pour Magic. Bird réussira même à faire 11 match à 30 points et plus et même 2 à plus de 40 points avec une pointe de 45 points. Magic atteindra la marque des 30 points 4 fois, mais à sa défense il n'est pas l'option numéro une de l'équipe et joue plus dans la distribution que Bird. Comme dans leur dernière année de College, Bird rafle le trophée individuel à Magic. Mais quand les play-offs commencent, la donne change. Toute l'Amérique salive déjà d'un remake de la dernière finale NCAA dans le monde professionnel, mais malheureusement ils devront encore patienter un instant car si les demi-finales de conférence contre Houston (le premier de chaque conférence étant encore qualifié d'office au deuxième tour) est un coup de balais pour Boston, ils se feront sortir 4-1 en finale de conf contre les Sixers de Julius Erving et Darryl Dawkins notamment. De son côté Magic atteint la Finale NBA après avoir éliminé sans trop d'encombres Phoenix et Seattle. Avec un KAJ totalement injouable à plus de 30 points par match dans les play-offs, les Lakers sont bien partis pour renouer avec le titre, avant qu'une blessure oblige l'ancien Lew Alcindor à sortir pendant le game 5. LA mène 3 à 2 avant de se rendre à Philly pour le match 6 et le coach McKinney va tenter un pari fou : Mettre Magic au poste de pivot titulaire alors qu'il est habitué à jouer à l'extérieur. C'est dans les moments clé que les légendes se forment, et Magic le sait bien. Résultat du match ? 42 points, 15 rebonds, 7 assists et 3 interceptions et la victoire pour un joueur qui aura joué à la mène, à l'aile et à l'intérieur dans le même match. Clutchissime, il va ramener un titre à LA après 8 ans de disette et sera récompensé par un titre de MVP des Finals, plus jeune joueur et seul rookie de l'histoire à avoir reçu ce trophée. En 4 ans, Johnson aura glané le titre de champion en high-school, college et NBA. Un champion vous dites ?

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L'impatience s'installe : A quand le duel ?

Johnson a donc déjà deux titres nationaux quand Bird n'a encore rien gagné en dehors de son état d'Indiana, mais il ne devra pas attendre très longtemps car dès sa deuxième saison il pourra prendre sa revanche contre les Sixers d'Erving et atteindre les NBA finals et s'y imposer en battant les Houston Rockets (qui ont éliminé les Lakers de Magic dès le premier tour) en 6 match, Johnson étant blessé cette saison là. Bird savoure cet instant, mais le redoutable compétiteur qui habite ce corps de paysan ne pense qu'à une chose : Prendre sa revanche sur Magic. Cette idée l'obsède, et chaque matin il regardera la performance de son rival dans le journal. Les confrontations entre les deux, qui sont au nombre de 2 par année, sont toujours pimentées et pleines d'altercations. Si Magic et son tempérament sympathique a toujours voulu être ami de Bird, ce dernier lui en veut toujours de lui avoir privé du titre NCAA. Les deux stars montent en puissance après chaque saison et leurs équipes se renforcent chacune de leur côté avec notamment la draft de Worthy pour LA et l'arrivée de McHale et Parish pour Boston qui avec Bird formeront le meilleur frontcourt de l'histoire de la NBA. La confrontation entre les deux prodiges parait obligatoire, en effet dans leurs trois premières saisons dans la ligue ils se partageront tous les titres NBA (Magic raflant un deuxième MVP des finals par la même occasion en 82), il faudra attendre 1983 pour voir les pauvres Sixers passer l'obstacle Bird/Johnson pour gagner le titre qu'ils méritaient face aux Lakers et mettre fin à la domination des deux superstars. A l'aube de la saison 1983-1984, les bookmakers s'affolent et pensent que cela va être l'année de la confrontation et l'exposition médiatique des deux stars grimpe en flèche. Là où cela ne pose absolument aucun problème à Earvin qui adore passer son temps dans les studios à tourner des pubs et donner des interviews, Larry Bird lui reste un personnage très réservé qui n'aime pas s'exposer. Il fait cependant une petite exception, en effet toutes les semaines il laisse les fans Bostoniens l'admirer tondre son gazon, activité qu'il fait lui même car payer quelqu'un pour faire un job qu'il pourrait faire lui même n'est pas dans la culture de Bird. La ligue ayant signé un nouveau contrat avec CBS, l'idée allait être très simple : passer deux match par soir, le premier East-time avec Boston, et tout de suite après un match des Lakers West-time. Les deux joueurs si diamétralement opposés en dehors du terrain et pourtant avec un jeu si proche étaient la principale raison de ce nouveau contrat juteux signé par la ligue, et elle devait faire son maximum pour tirer tout le lait possible de ces deux vaches de 2m06.

Pour vous donner un point de repère, Bird sort d'une saison à 23.6 points, 11 rebonds, 5.8 passes et presque 2 interceptions de moyenne par match, là où Magic compile un tout aussi sympathique 16.8 points, 10.5 assists, 8.6 rebonds et 2.2 steals par match, des stats jamais vues depuis Oscar Robertson. Et le pire, c'est que les deux joueurs ne sont même pas encore à leurs apogées...


Une saison 1983-84 de toute beauté

La ligue s'est donc refaite une toute nouvelle réputation et est redevenue très populaire grâce aux protagonistes de l'article et le nouveau contrat télévisuel qui assure une diffusion à grande échelle. Ils changent tous deux de positions cette saison là pour trouver les postes qu'on connaît aujourd'hui, c'est à dire meneur pour Magic et ailier pour Bird. Cela leur donne encore plus de responsabilités dans la création du jeu et avec leurs co-équipiers ils ont de quoi se régaler. Résultat des courses, 62 victoires pour Boston et 55 pour Johnson. 17 points et 13 passes pour Magic contre 24 points, 10 rebonds et 6.6 assists pour Bird, ce dernier étant élu MVP de la saison régulière pour la première fois de sa carrière (le premier des deux à l'être aussi). En play-offs et à leur habitude, les deux joueurs hausseront leurs niveaux de jeu pour accéder aux Finals NBA, la deuxième fois pour Bird et la 4ème déjà pour Johnson, le tout alors qu'ils ne sont en NBA que depuis 5 ans. 5 ans, c'était aussi l'époque de leur première confrontation à Salt Lake City pour le titre universitaire, et c'est enfin le moment de voir qui de l'armada Angeline de Magic ou du colossal Larry Bird s'imposera dans ce duel de géant. Mais comme tout est démesuré au pays de l'oncle Sam, les choses ont vite pris un tournant bien plus important que celui du simple match sportif.

L'enjeu racial qui divise les États-Unis

Quand Magic Johnson arrive dans le Massachusetts, il entend un supporter noir lui scander “Bottez le cul aux Celtics !”, Magic étonné lui demande si il ne vient pas de Boston mais la réponse est sans équivoque: “Oui, mais je ne vais pas supporter ce blanc-bec de Larry Bird quand même !”. Il faut savoir qu'à l'époque il y a encore beaucoup de restes de ségrégation dans la ville de Boston, en effet de nombreux affrontements entre population noire et blanche ont eu lieu dans le seventies. Beaucoup de noir refusent de supporter les Verts, avec des joueurs majeurs comme Bird, McHale, Ainge et plusieurs autres joueurs mineurs, l'équipe n'a pas un teint très bronzé et beaucoup voient dans le front-office bostonien une volonté à « blanchir » l'équipe au maximum, malgré la présence de joueurs comme Parish ou Maxwell. La sécurité des bus des Lakers doit être renforcée. Ce duel est aussi celui des milieux urbains contre les milieux ruraux. Cependant, pas question que les stars alimentent ce débat futile, elles sont là pour gagner le titre NBA et elles voient en leur rival un joueur de basket et pas une couleur de peau. Heureusement pour la beauté du sport, aucun accident n'a eu lieu et la série a pu se jouer là où elle devait l'être : Sur un terrain de basketball.


La Finale tant attendue est là

Les pronostiques de la série sont comme toujours très variés, passant du 4-0 selon Larry Bird quand la plupart des analystes donnent une série en 7 match, certains voient les Lakers l'emporter, d'autres Boston. Les Lakers prendront un grand avantage en s'imposant à Boston pour le Game 1, mais Boston assurera le coup dans le Game 2. Le game 3 ? Les Lakers l'emportent à nouveau avec un triple double de mammouth de Johnson : 14 points, 21 assists et 11 rebonds, son 5ème des play-offs. Boston est dans l'obligation de gagner le match 4 à Los Angeles sous risque de se retrouver avec le couteau sous la gorge et devoir remporter 3 match de suite. La tactique change, et si les Bad Boys des années 80 restent les Pistons, les Celtics méritaient aussi ce surnom. Le jeu se durcit, les bagarres mythiques commencent, Jabbar et Bird se prendront le bec plus d'une fois mais les Lakers ne sont tout simplement pas assez « tough » pour rivaliser avec la bande de péquenaud de Larry Bird. Boston remporte le match 4 avec un Magic qui n'arrive pas à hausser son jeu pour la première fois de sa carrière. Le match 5 est une nouvelle victoire pour Boston qui mène donc 3-2 dans la série mais qui devra s'incliner contre le talent retrouvé de Johnson et les 30 points de Jabbar dans le match 6. Le match 7 décisif est suivi partout dans les USA, et il verra Boston s'imposer 111-102 après un match qui aura été haletant jusque dans les dernières minutes, et Larry Bird sera élu MVP des Finals pour la première fois de sa carrière (Cedric Maxwell lui ayant piqué le trophée lors du premier titre contre Houston). Larry Bird a enfin eu sa revanche sur Magic plus de 5 ans après la défaite en championnat NCAA , et gagne son deuxième titre NBA égalant ainsi son rival.

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Mais si il aura fallu attendre longtemps avant de voir ce duel avoir lieu, il ne faudra pas beaucoup de temps avant d'avoir la revanche. En effet, dès la saison suivante, le remake a lieu. Ce qu'on appelle « One of the greatest rivalry in sport history » en parlant des franchises de Boston et de Los Angeles est aussi une rivalité à sens unique. 8 fois les Lakers et les Celtics se sont rencontrés en Finales NBA, 8 fois les Celtics l'ont remporté. Magic Johnson, qui vient de signer le plus long contrat de l'histoire avec un deal de 25 ans pour 25 millions de dollars, sort d'une année où il aura voulu démontré qu'il n'était pas moins bon que Bird. Les Finals 85 sont moins disputées, 6 match suffisent à donner raison à la franchise pourpre et or. La ligue, qui voit arriver David Stern à ses commandes, sait qu'elle tient peut-être le rendez-vous annuel du mois de juin avec l'opposition entre les deux superstars. Les grandes compagnies le savent aussi, et décident de tenter un coup de folie : Faire tourner les deux ennemis dans la même publicité.


Converse renforce la rivalité culturelle

Pendant l'été 1985, Converse décide de tourner une publicité avec les deux stars à French Lick, dans la maison que Bird a fait construire pour sa mère. Magic a déjà oublié depuis longtemps son envie de devenir ami avec Larry, et on peut s'attendre au pire. Mais, à la surprise générale, les deux jeunes hommes s'entendront plutôt bien. Pour la première fois de leurs vies, ils se retrouvent en tant qu'êtres humains et non en tant que basketteurs. Ils se demandent comment se passe leur été, rigolent un peu, parlent de leurs enfances... la mère de Larry invitera même Earvin à venir manger avec eux. Il verra en elle énormément de similitudes avec sa propre mère, et cela humanisera beaucoup Bird dans son esprit. Malgré tout, si Magic pense s'être fait un ami, Bird reste antipathique et la rivalité entre les deux ne baissera pas d'un poil,

Mais le problème n'est pas là. En effet, la publicité montre Larry Bird s'entraîner dans le terrain à l'arrière du jardin de sa mère quand Magic arrive en limousine pour lui dire que si Bird porte les chaussures du double tenant en titre du MVP, il porte celles de celui de la prochaine saison (raté, Bird fera le triplé de 84 à 86). Si cette pub peut paraître bon enfant, elles vont en effet creuser un peu plus l'écart racial entre les deux joueurs. Les noirs ne voudront plus porter les Converse noires à Bird, les blancs ne porteront pas les blanches à Magic. Si la saison suivante est une réussite totale sportive pour Bird (66 victoires, un bilan de 40-1 à domicile et un titre de MVP de la SR), elle sera aussi une année très controversée car après avoir éliminé les Bad Boys de Detroit en finale de conférence, Dennis Rodman affirmera que Larry Bird est totalement sur-estimé car il était blanc. Isiah Thomas restera plus politiquement correct mais sera obligé d'acquiescer. Quand on rapporte les propos à Bird, il répondra avec sa nonchalance habituelle : « So what ? ». Beaucoup de personnes diront que c'était un miracle qu'un homme blanc ayant grandi dans la campagne pauvre du sud de l'Indiana (avec le KKK très présent) ne soit pas révolté par de tel propos.


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Fins de carrière NBA

Bird n'en a que faire de ce qu'on pense de lui, tout ce qu'il veut c'est gagner et il pourra à la fin de la saison gagner son 3ème et dernier titre contre les Houston Rockets des Twin Towers d'Hakeem Olajuwon et Ralph Samspon.

Souffrant de gros problèmes de dos, il devra passer les temps morts couchés par-terre et devra prendre énormément d'anti-douleurs au quotidien. Ses moyennes ne baisseront pas, au contraire même, il changera son jeu en étant plus dans le tir et finira même la saison 87-88 avec 29.9 points, 9,3 rebonds et 6 passes décisives. Il éliminera un jeune Michael Jordan qui fera le record de points en play-offs contre lui (avec sa célèbre sortie « it was God disguised as Michael Jordan ») mais chutera deux fois de suite contre un Magic Johnson au sommet de son art, avec comme exemple un sky hook du meneur dans les dernières secondes du game 4 des Finals 1987. Il rattrapera même Bird aux nombres de MVP de la saison régulière en remportant le trophée en 1987, 89 et 90. La rivalité prend une toute autre saveur quand Bird lui même reconnaîtra que Magic est le meilleur basketteur qu'il n'ait jamais vu jouer.

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Ces années sont très dures pour les fans de Larry, le voyant se battre contre son physique pendant que Johnson accumulait les récompenses et les titres. Mais comme leur destin était si lié, il n'en fallut pas longtemps pour qu'une tragédie s’abatte sur Magic. Suite à un test de routine et deux mois seulement après s'être marié, le médecin des Lakers doit annoncer à Magic qu'il a été testé positif au VIH, virus contracté à cause de la plus grosse passion de Johnson : son amour pour les femmes. Après avoir appris la nouvelle, Bird contacte Magic pour lui apporter son soutien. L'émotion est au rendez-vous, et Johnson réalise dès lors que malgré toutes les batailles qu'ils avaient livrées, ils étaient finalement amis depuis le début. La nouvelle est également tragique pour la ligue puisque Magic est obligé de prendre sa retraite, le virus étant encore très mal traité dans les années 90. A ce moment, Johnson se trouve un nouveau rival et il accepte le défi : vaincre le virus du SIDA et montrer au monde entier qu'on peut vivre avec cette maladie. A l'époque l'optimisme n'était pas de mise et la grande majorité des personnes pensaient qu'il allait mourir dans peu de temps, mais heureusement pour lui c'est un combat qu'il aura su remporter. La ligue lui rendra hommage en l'invitant au all-star game de 1992 où il ne fera pas que de la figuration mais sera élu MVP de la rencontre avec 25 points et 9 assists. Bird prendra sa retraite à la fin de la saison après une défaire au premier tour contre Cleveland. Sa cérémonie de retraite ? Programmée un soir sans match au Garden, le stade rempli à ras-bord, et avec Magic Johnson en maître de cérémonie pour le qualifier de tous les superlatifs possibles pour définir le formidable basketteur qu'était Larry. Une grande embrassade entre les deux montre au monde entier que le sport est un outil merveilleux pour monter des liens d'amitiés, et l'histoire aurait pu s'arrêter là, mais comme vous le savez l'histoire n'a que trop bien fait les choses entre ces deux et elle voulait qu'elle se finisse de manière encore plus mémorable.

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La dernière valse avec Team USA



L'été 1992 sera un été olympique et pour la première fois de l'histoire des joueurs NBA seront autorisés à participer aux jeux. Si la guerre froide vient de se terminer, les Etats-Unis veulent quand même envoyer un message fort et décide d'envoyer une armada pour constituer ce qui reste la meilleure équipe de basketball n'ayant jamais jouer ensemble à Barcelone. Menée par Michael Jordan et Charles Barkley, Johnson et Bird ont quand même reçu une invitation pour y participer de part leurs statuts de stars internationales et n'y feront pas que de la figuration. Bird, qui ne peut même pas s'entraîner avec l'équipe, montrera que le talent ne se perd pas et fera de nombreux swichs à chaque fois qu'il en a l'occasion et Magic montre que le HIV ne lui a pas enlevé son statut de magicien des parquets et continuera de faire des actions d'éclats. Côte à côte pendant les photos, dans les bus, à l'hôtel, les personnes ne connaissant pas leur passé pourraient penser qu'ils sont deux vieux amis d'enfance. La compétition fut un réel carnage, les Etats-Unis battant leurs adversaires avec un écart moyen de 44 points par match. Une victoire contre la Croatie en finale, ils gagneront leur dernier titre en tant que co-équipier, certainement la plus belle manière de mettre un point à la plus belle rivalité de l'histoire de la NBA.

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Quelques stats...

Larry Legend:

2m06
100 kilos
3 fois champion NBA (81, 84 et 86)
3 fois MVP (84, 85 et 86)
2 fois Finals MVP (84 et 86)
9 NBA All-first team
Rookie of the year
12 fois All-star (MVP en 82)
3 fois champion du three-point contest
Joueur universitaire de l'année (79)
Coach of the year en 98
Executive of the year en 2012
24.4 points, 10 rebonds et 6.3 passes en carrière

[youtube]rgPpTvX86n8[/youtube]

Magic Johnson

2m06
98 kilos
5 fois champion NBA (80, 82, 85, 87, 88)
3 fois Finals MVP (80, 82, 87)
3 fois MVP (87, 89, 90)
12 fois All-star (MVP en 90 et 92)
9 All-NBA First Team
4 fois meilleur passeur de la ligue
Champion NCAA et MOP
19.5 points, 11.2 assists et 7.2 rebonds en carrière

[youtube]d3ThUlFiRF0[/youtube]


BONUS !!!
[youtube]axbIoHqFaa8[/youtube]

Documentaire très intéressant sur leur rivalité
Last edited by MintBerryCrunch on 28 September 2019, 10:27, edited 1 time in total.

SylvesterTemple

Bucks
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Re: Magic & Larry, la saga

Post by SylvesterTemple » 29 August 2017, 16:15

MintBerryCrunch wrote:Ces années sont très dures pour les fans de Larry, le voyant se battre contre son physique pendant que Johnson accumulait les récompenses et les titres. Mais comme leur destin était si lié, il n'en fallut pas longtemps pour qu'une tragédie s’abatte sur Magic. Suite à un test de routine et deux mois seulement après s'être marié, le médecin des Lakers doit annoncer à Magic qu'il a été testé positif au VIH, virus contracté à cause de la plus grosse passion de Johnson : son amour pour les femmes. Après avoir appris la nouvelle, Bird contacte Magic pour lui apporter son soutien. L'émotion est au rendez-vous, et Johnson réalise dès lors que malgré toutes les batailles qu'ils avaient livrées, ils étaient finalement amis depuis le début. La nouvelle est également tragique pour la ligue puisque Magic est obligé de prendre sa retraite, le virus étant encore très mal traité dans les années 90. A ce moment, Johnson se trouve un nouveau rival et il accepte le défi : vaincre le virus du SIDA et montrer au monde entier qu'on peut vivre avec cette maladie. A l'époque l'optimisme n'était pas de mise et la grande majorité des personnes pensaient qu'il allait mourir dans peu de temps, mais heureusement pour lui c'est un combat qu'il aura su remporter. La ligue lui rendra hommage en l'invitant au all-star game de 1992 où il ne fera pas que de la figuration mais sera élu MVP de la rencontre avec 25 points et 9 assists. Bird prendra sa retraite à la fin de la saison après une défaire au premier tour contre Cleveland. Sa cérémonie de retraite ? Programmée un soir sans match au Garden, le stade rempli à ras-bord, et avec Magic Johnson en maître de cérémonie pour le qualifier de tous les superlatifs possibles pour définir le formidable basketteur qu'était Larry. Une grande embrassade entre les deux montre au monde entier que le sport est un outil merveilleux pour monter des liens d'amitiés, et l'histoire aurait pu s'arrêter là, mais comme vous le savez l'histoire n'a que trop bien fait les choses entre ces deux et elle voulait qu'elle se finisse de manière encore plus mémorable.

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Je connaissais la rivalité, mais pas cette amitié ! Ca fait chaud au cœur de voir (ou lire) de telles images (ou récits) dans le monde du sport, merci une nouvelle fois Mint !
Giannis Antetokounmpo : "My goal is to win in Milwaukee, bring a Championship to the city... I would never leave for LA." (02/07/2018)

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Re: Magic & Larry, la saga

Post by MintBerryCrunch » 29 August 2017, 21:36

Yep, pourtant j'ai fait une erreur dans ce passage: MJ n'a pas developpé le SIDA mais le VIH, pas pareil ! Et je dis que sa plus grosse passion c'est les femmes, mais je fais un reach parce que je sais pas ce que c'est en vrai (c'est probablement le basket plutôt :mrgreen:)

Merci du retour :)
La tolérance atteindra un tel niveau que les personnes intelligentes seront interdites de toute réflexion pour éviter d'offenser les imbéciles.
Dostoïevski

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