Bill Walton

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MintBerryCrunch

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Bill Walton

Post by MintBerryCrunch » 21 June 2017, 20:22

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Bill Walton


Pivot des années 70 et 80, Bill Walton reste encore peu connu de la part du grand public européen en dehors de sa mythique barbe rousse. Pourtant, il est une des personnes les plus douées avec la balle orange de l'histoire. De plus, rares sont les joueurs à autant s'être investi dans la lutte pour l'égalité sociale. Retour sur la carrière d'un joueur pas comme les autres et au corps trop fragile pour avoir un statut à la hauteur de son talent.
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William Theodore « Bill » Walton III naît le 5 novembre 1952 dans la banlieue de San Diego. Sa famille est bien plus intellectuelle que sportive. Son éducation est ainsi surtout basée sur la lecture et les débats sociaux. Il intègre la Helix High School où il domine le championnat lycéen puis accepte de rejoindre la prestigieuse université de UCLA en 1970. Les raisons de son choix ? 
- La présence de John Wooden sur le banc, coach légendaire qui a permis à l'équipe de remporter 5 titres sur les 6 années précédentes.
- L'occasion de rester dans sa Californie natale et d'accéder à un campus où les étudiants sont très impliqués dans les luttes sociales du pays.
- La moitié des supporters de UCLA à chaque match sont des femmes.

Si il ne peut pas jouer pendant sa première année à cause de la « Freshman Rule » qui interdit à tous les étudiants de première année d'accéder au championnat NCAA, l'année 1970 n'est pas sans basket pour lui car il peut jouer dans un premier temps avec l'équipe américaine aux championnats du monde alors qu'il n'a même pas encore 18 ans puis se dégourdir les jambes contre les autres premières années du pays où il ne perd pas un seul match.
La « Varsity Team » de UCLA en profite pour obtenir un 4ème titre consécutif cette année, les 3 derniers ayant été gagné grâce à un certain Lew Alcindor, aujourd'hui plus connu sous le nom de Kareem Abdul-Jabbar. Il est important de préciser que les Bruins gagnent les 15 derniers matchs avant l'arrivée de Bill Walton dans la première équipe.
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Quel est le niveau à ce moment là de celui qui est officieusement nommé « meilleur lycéen des USA » ? C'est bien simple, il est monstrueux. Bill sait tout faire sur un terrain, et ses qualités physiques sont bien en dessus de la moyenne. Listé 6'11'' (2m11), il est certainement plus proche des 2m16 mais refuse d'être considéré comme un « 7-footer ». Sa domination est si grande en High School que son coach lui donne parfois le défi de ne faire que des passes pendant ses entraînements, ce qu'il fait sans aucune difficulté. Tel un Mozart pour la musique, Walton a la science du jeu et ne force jamais. Offensivement il sait tout faire, défensivement il est une tour de contrôle qui est capable de challenger n'importe quel joueur au contre. Il communique énormément et fluidifie le jeu des deux côtés du terrain. Les dunks sont encore interdits dans le championnat universitaire suite à la « Alcindor Rule », mais ses highlights de contres avec la tête à la hauteur de l'anneau laissent imaginer la férocité avec la quelle il aurait pu écraser la balle dans le cercle. Très maigre au lycée, Walton prend un peu de masse pour pouvoir être encore plus performant dans certains secteurs de jeu comme le rebond.
Mais la domination d'UCLA peut-elle continuer quand tous ses espoirs sont placés dans un sophomore, aussi imposant peut-il l'être ? Et bien oui, les Bruins gagnent tous leurs matchs en 1971-72, puis encore une fois la saison suivante. La finale de 1973 voit Walton marquer 44 points à 21 sur 22 aux tirs, bon exemple du très faible nombre de déchet dans le jeu du pivot.
S'il impressionne sur les terrains, Walton fait aussi beaucoup parler de lui en dehors. En effet les manifestations se multiplient sur le campus, et il n'hésite pas à y prendre part. Beaucoup lui reprochent de ne pas se concentrer uniquement sur le basket, ce à quoi il répond qu'il aime jouer au basket mais qu'il ne veut pas être catégorisé comme un sportif uniquement. Ses habitudes en dehors du basket ne sont pas au goût de tous, et il va même demander la permission au coach Wooden de pouvoir fumer un peu d'herbe avant les match pour se détendre. Il obtient la permission mais à une condition : « Don't tell your teammates !!! »
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La saison 73-74 de UCLA sera suivie de très près dans tout le pays car la « winning streak » de l'équipe s'élève après la finale contre Memphis State à 75 victoires, l'équipe ayant battu le record all-time de 60 victoires consécutives plus tôt dans la saison. Après plusieurs succès très serrés, la série s'arrête le 19 janvier 1974 contre Notre Dame après avoir pourtant compté une avance de 17 points. Walton finit la rencontre à 12 sur 14 aux tirs, mais ses co-équipiers n'arrivent pas à lui donner la balle plus souvent au poste et la grande série termine donc à 88 victoires consécutives. Cela faisait depuis le 23 janvier 1971 et déjà contre Notre Dame que UCLA ne perdait plus ! Pour Bill c'est une série encore plus longue qui se termine. Depuis qu'il était «junior » (3ème année) au lycée, pendant tout son championnat freshman et donc 2 saisons et demi au plus haut niveau universitaire, Walton n'a perdu aucun match ! Plus de 4 ans d'invincibilité toutes ligues confondues, vous avez parlé de winner ?

La faille est cependant trouvée. Pendant le reste de l'année les équipes vont s'inspirer de la défense de Notre Dame pour limiter les ballons que touchent Walton. L'équipe va s'incliner en demi-finale contre North Carolina State après un match de folie qui s'est joué en double prolongation. Bill Walton quitte le circuit universitaire sur une défaite, la seule chose qu'il aurait voulu changer dans sa carrière selon lui. Il peut cependant être fier de ses accomplissements d'étudiant-athlète : 3 titres de meilleur joueur du championnat, 2 titres de champion et 2 titres de Most Outstanding Player (meilleur joueur du Final Four). Son palmarès et sa facilité dans le jeu lui permettent d'être cité parmi les plus grands basketteurs de l'histoire de la NCAA avec Lew Alcindor et Pete Maravich. Il est évidemment choisi en première position par les Portland Trail Blazers, et l'aventure professionnelle peut commencer pour lui à l'aube de cette saison 1974-75.

Des débuts pros difficiles...
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Hélas, les deux premières saisons de Bill Walton en NBA ne sont pas à la hauteur des espérances placées sur lui. Il ne joue que 35 match de sa saison rookie et 51 de la suivante. Walton a un corps très fragile. Durant ces deux années, il se casse ainsi successivement le poignet, la jambe, le pied et même son nez. Les pivots adverses sont conscients de sa faiblesse et ne vont donc lui faire aucun cadeau. Malgré ces blessures et donc une constante adaptation à faire sur le terrain, il arrive à aligner 15 points, 13 rebonds, 2 contres et 4.5 passes décisives sur ses deux premières saisons.

Beaucoup de gens se mettent à remettre en question ses habitudes de vie et sa motivation. En effet, la plupart de ses co-équipiers se moquent de son végétarisme et du fait qu'il ramène des carottes et autres jus de fruits à l'entraînement. D'autres pointent du doigt un manque d'envie de jouer et ne comprennent pas que ses blessures sont dues justement au grand nombre d'heures que Bill a passé sur les terrains. Tout l'Orgeon désespère, les Blazers sont la seule équipe des 4 sports majeurs et tous leurs espoirs sont placés sur un joueur très fragile. Heureusement pour eux, les étoiles vont bientôt s'aligner...
La consécration à « Weird City »
Deux gros renforts arrivent ainsi en Oregon durant l'été 1976. Le premier est le nouveau coach Jack Ramsay. Le second est Maurice Lucas, ailier-fort au physique de déménageur qui vient faire le sale boulot et profiter de la connexion des big guys dans la raquette. Avec des joueurs de complément comme Lionnel Hollins ou encore Bob Gross, l'équipe est très jeune mais présente un jeu agressif et organisé. Walton loupe encore 17 match mais est moins affecté par les blessures grâce à la présence de Lucas. Il finit ainsi meilleur rebondeur (14.4) et contreur (3.2) de la ligue, le tout avec 18.6 points et 4 passes par match, des stats très complètes pour un joueur qui reconnait qu'il ne s'en est jamais soucié. L'équipe est attendue au tournant et, alors qu'elle n'avait jamais atteint les play-offs de son histoire, elle affiche un bilan de 49 victoires pour 33 défaites. Ce n'est pas énorme mais les joueurs principaux ont quitté l'infirmerie pour la post-season et ils sont bien décidé à ne pas se contenter de cette qualification. Après deux premiers tours gagnés facilement contre les Bulls et Denver, les Blazers affrontent les Lakers du fraîchement nommé Kareem Abdul-Jabbar. Walton, qui lui avait succédé à UCLA, attend le duel avec impatience. Le bilan de cette confrontation entre les deux géants ? Coup de balai pour Portland, 4-0 et une place en Finale NBA. Walton réussit même à limiter le grand Kareem à 5 paniers marqués lors du Game 3. Les Blazers affrontent ainsi les 76ers de Julius Erving, McGinnis ou encore Doug Collins. Une équipe de stars donc contre une équipe centrée autour d'un très bon joueur mais souvent critiqué et de bons joueurs de compléments, on pourrait faire le rapprochement avec les Finales de 2011. La série commence mal pour Portland qui perd les deux premiers match en Pennsylvanie. Mais le public de l'Oregon en veut toujours plus et va réussir à motiver les Blazers à gagner les deux match suivants à domicile de 22 puis 32 points. Les Sixers sont spectaculaires mais pratique bien trop l'isolation, et les égos ne supportent pas de perdre contre une équipe bien plus jeune mais mieux organisé qu'eux. Le match suivant voit Portland renverser la série et mener 3-2, puis le match 6 rentre dans la légende des Finals. Portland gagne de 2 points dans une ambiance totalement étouffante après un tir pour la gagne loupé dans les dernières secondes par Philadelphie. Le public envahi le terrain, le maillot de Walton est arraché et une fête mémorable commence à Portland. Bill sera élu MVP des Finals. Est-ce là le début d'une dynastie ? Tout portait à y croire, l'équipe étant la plus jeune à jamais avoir remporté le titre à ce moment.
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Confirmation puis confrontation
Vu l'énergie qu'apporte son public, les Blazers sont motivés à remporter la saison régulière et obtenir l'avantage du terrain pendant tous les play-offs. Et ils sont bien partis, l'équipe gagnant 50 de ses 58 premiers match avant une énième blessure de Walton. Fin de SR pour lui. L'équipe s'écroule sans lui et ne remporte qu'un tiers des rencontres restantes. L'importance du pivot au sein de l'équipe est quand même récompensée par un titre de MVP de saison régulière, Walton n'a alors que 25 ans.

Il tente un come-back pendant les play-offs mais se casse la jambe au bout de quelques minutes de jeu. Il porte alors plainte contre le médecin des Blazers qu'il accuse de lui avoir créer une dépendance aux anti-douleurs, même si il concèdera après sa retraite qu'il est aussi responsable d'avoir accepté de les prendre. Le procès ne lui donne pas raison et il décide de rester sur le banc pendant toute la saison suivante en signe de protestation. Il décide de quitter l'Oregon pour rejoindre les San Diego Clippers lors de la Free-Agency 1979 . Son départ a été la décision la plus dure qu'il eut à faire pendant sa vie vu la grande part qu'avait l'équipe et les fans de Portland dans son coeur, mais la confiance était rompue avec le staff de l'équipe et il ne pouvait plus travailler dans ces conditions.
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Son arrivée dans sa ville natale fait couler beaucoup d'encre. Malheureusement, la santé du joueur ne lui permet que de jouer 14 match durant sa première année et l'oblige à louper les deux saisons suivantes. Cette fois ci c'est le pied et la cheville du joueur qui posent problème, et ces blessures ne le quitteront plus jamais. Il apprend à faire avec et adapte son jeu en conséquence, et il arrive ainsi à augmenter son nombre de match joués chaque année. Il finit même avec un record en carrière de 67 match joués en 1984/85. Mais l'équipe ne fais jamais les Play-offs et Walton est en quête de victoires et un changement d'air est donc requis pour le pivot roux.
Dernier baroud d'honeur aux Celtics
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Un certain Larry Bird demande ainsi à Red Auerbach d'essayer d'obtenir le joueur, alors que de l'autre côté des USA les Lakers font aussi le forcing pour s'offrir le talent du joueur de San Diego. Les Celtics réussiront à obtenir le joueur en échange de Cedric Maxwell, récupérant ainsi une arme de taille pour la bataille contre les rivaux pourpres et or. Si vous voulez avoir plus d'informations sur la situation des deux équipes à ce moment, je vous propose de lire mon article sur la rivalité entre Larry Bird et Magic Johnson.

La raquette de Boston étant blindée avec Robert Parish et Kevin McHale, on propose à Walton un rôle de 6ème homme de luxe. Il accepte ce job avec plaisir, lui permettant ainsi d'être le leader de la second unit celte et de limiter ses minutes et donc les risques de rechute. Pari gagnant, Walton jouera 80 match cette année et se verra attribuer le titre de 6th man of the year. Les Celtics affichent un bilan de 67 victoires et un record de 40-1 à domicile (égalé depuis seulement par les Spurs de la saison passé), et gagnent leur 3ème (et dernier) titre sous l'ère Bird, le deuxième pour Walton.
L'ambiance au sein de l'équipe est très bonne, Bird est ravi de jouer avec une personne au QI basket égal au sien et le trash-talk sur les blessures de Walton sont bon enfant. On lui balance ainsi souvent à l'entraînement quand il fait des mooves dont il est capable « Hey man, this ain't 1976 anymore ! ». Malheureusement pour lui et les Celtics, il se blesse à nouveau et pour de bon lors de la saison suivante et il devra mettre un terme à sa carrière. Il tente bien un comeback en 1990 mais se blesse avant même d'avoir pu jouer un seul match. Il comprend à ce moment que sa carrière est finie.
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Il reste cependant dans le monde du basket en devenant speaker. Il prend ce travail très au sérieux et répète beaucoup ses phrases devant un miroir avant les match. Un de ses fils, Luke Walton, jouera en NBA pour les Lakers entre 2003 et 2012 et y gagnera 2 titres. Bill et Luke sont ainsi le seul duo père-fils à avoir gagné de multiples titres en NBA.



Conclusion :

Avec des statistiques en carrière de 13.3 points, 10.5 rebonds et 3.5 assists, on pourrait croire que Walton était un bon joueur mais rien de plus. Mais pourtant, John Wooden lui même dit que Walton était certainement le joueur le plus fort à son peak de l'histoire. Ce n'est pas un compliment à prendre à la légère quand on sait que le coach a eu sous ses ordres un certain Kareem Abdul-Jabbar juste avant Bill. A quel place doit-on donc mettre Walton dans la hiérarchie des pivots dominants de la NBA ? Et bien je pense qu'il a le droit à sa place à lui, comme il l'a toujours eu, celle d'un joueur qui a toujours gagné quand il était en bonne santé. Celle d'un joueur altruiste, adoré partout où l'on a laissé exprimé son jeu. Celle du seul joueur de l'histoire à avoir été élu MVP et 6th man of the year. Celle d'un joueur totalement à part, qui n'a jamais voulu se fondre dans le moule et qui pourtant avait un jeu tellement académique que chaque coach devrait montrer à ses jeunes joueurs. Si moi-même je n'oserais le placer premier dans ma liste des meilleur big guys, je pense que ses accomplissements méritent que dans le débat, entre les O'Neal, Chamberlain, Russell ou Jabbar, quelqu'un cite au moins brièvement le nom de Walton.


BONUS !
[youtube]7vTGoG53bF4[/youtube]
Analyse de coach Nick sur le game 6 des final de 1976

[youtube]Y3AzCetKBOc[/youtube]
documentaire qui va plus en profondeur dans le personnage

[youtube]6KkrccHEAqg[/youtube]
Walton sur son amour sur Boris Diaw

[youtube]AhpG7-OHOeY[/youtube]
quelques highlights

Pred

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Re: Bill Walton

Post by Pred » 29 June 2017, 19:48

J'ai du mal avec Walton. Je reconnais son talent, il était immense en 1977 sur le parcours de Portland, il a dominé Jabbar et a été la clé du titre face aux 76ers. Un excellent apport malgré son temps de jeu limité en 1986 aussi. Mais voilà, il a joué tellement peu de saisons sans être blessé et à son meilleur niveau que personnellement, je ne peux pas le mettre dans la discussion avec les autres grands pivots de l'histoire. J'étais même d'accord avec Barkley quand il disait que Walton n'avait pas forcement sa place au top 50 all-time pour les raisons ci-dessus. C'est un peu comme Arvydas Sabonis, potentiellement sans pépins, il aurait pu être sur le podium, mais hélas, ça s'est passé autrement.

nunu

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Re: Bill Walton

Post by nunu » 29 June 2017, 20:55

Walton était fragile de base, Sabonis lui arrive en NBA a 30 ans cassé de partout par des années de problèmes de santé a cause de pression en URSS pour le faire jouer malgré ses blessures. En NBA , ça lui serait pas arrivé (le Sabonis européen avec le mulet et la moustache c'est injouable). BIll lui était fragile, superbe pivot, sa carrière l’empêche de figurer dans le Top 10 des pivots all time (mais il est pas loin), mais il a un titre de MVP de saison (en jouant 56 matchs) et un titre de MVP des finales, grand passeur (un des meilleurs parmi les pivots), gros contreur. Super joueur mais trop souvent blessé malgré une belle fin de carrière à Boston. et puis fan du Grateful Dead :hehe:
Washington Mystics-BLMA

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