Partie IV : Bullet Forever

by Xarphios

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Partie IV : Bullet Forever

Post by Xarphios » 14 March 2016, 16:19

« Je suis un Bullet. J’ai toujours été un Bullet. Et je serais toujours un Bullet. »



Après cette finale perdue, Unseld disputera encore 2 saisons mais son corps l’a abandonné. Il se retire en 1981 lorsqu’il sent qu’il ne peut vraiment plus jouer, après notamment 3 opérations à la jambe. Il souffrait quasiment depuis le début de sa carrière, mais ne le montrait jamais, à personne pas même sa femme. Son ami Abe Pollin (qui est aussi le propriétaire de la franchise des Bullets), était conscient qu’il a sans doute joué 2 ou 3 ans de plus que ce qu’il aurait dû, mais selon lui il l’a fait par amour pour cette franchise et pour le basketball. A son départ il est le Bullet ayant disputé le plus de rencontres, joué le plus de minutes, pris le plus de rebonds, fait le plus de passes décisives, mais également le 3ème meilleur scoreur, le 5ème meilleur contreur et 4ème meilleur intercepteur (ces 2 statistiques ont commencé à être prises en compte après ses débuts). Durant ses 11 saisons, sa franchise a fait les Play Off chaque année, il est allé en finale 4 fois, a gagné 1 titre, et a fini avec le meilleur bilan de la ligue 3 fois. Pendant plus de 10 ans il a lutté face à Bill Russell, Wilt Chamberlain, Lew Alcindor, Willis Reed, ou Bill Walton, autant de pivots de légende qui faisaient souvent plus de 10 centimètres de plus que lui, mais chaque soir il faisait tout pour leur rendre la vie dur. Durant les années 70 aucune franchise n’a gagné plus de matchs que les bullets, et dans le classement des franchises de Jujug on voit qu’ils sont classés premier sur la décennie. Durant sa carrière la franchise affiche 58% de victoires, quand elle n’en présentait que 36% avant sa draft, et seulement 41% depuis sa retraite jusqu’à aujourd’hui. La franchise des Bullets (puis des Wizards) n’a jamais sélectionné un joueur qui a eut autant d’impact sur cette franchise. Lors du discours pour son départ, Abe Pollin déclara : « Wes a été le cœur et l’âme du basketball depuis qu’il a posé un pied sur un terrain. Il a vraiment été une bénédiction pour le basketball. Je n’ai jamais rencontré un meilleur être humain de toute ma vie. Je n’ai jamais entendu qui que ce soit dire quelque chose de mal à propos de lui. ». Durant ces 11 saisons, Unseld aura simplement tenté d’être un Bullet selon la définition qu’il en donnait : « Un Bullet c’est quelqu’un qui lorsqu’il rentre sur le parquet fait son maximum pour que son équipe gagne. Et quand il sort du terrain c’est pareil. ».

Il a été élu parmi les 50 meilleurs joueurs de l’histoire, et intronisé au Hall of Fame en 1988. Il voulait qu’Abe Pollins fasse sa présentation lors de la cérémonie, mais puisque la règle exige que ce soit une personne déjà membre du Hall Of Fame qui le fasse, il demanda à son rival Willis Reed de tenir ce rôle. Malgré son retrait des parquets, Unseld n’abandonna pas les Bullets, et durant 6 ans il occupa le poste de vice-président de la franchise. Avant le début de la saison 1987-88, il entre dans le staff de l’entraîneur en chef de l’équipe, son ancien coéquipier Kevin Loughery. La saison commence très mal pour les Bullets, et le 4 Janvier 1988, alors que l’équipe affiche un très mauvais bilan de 8-17, Unseld est promu au poste d’entraîneur en chef. Cette décision est extrêmement bien accueillit dans la ligue, où sa réputation est intacte. L’une des premières personnes à l’appeler pour le féliciter n’est autre qu’Elvin Hayes. Leur relation a longtemps été mouvementée, mais les 2 personnes ont un immense respect l’une pour l’autre. Hayes a d’ailleurs quitter les Bullets pour retourner terminer sa carrière dans sa franchise d’origine, les Rockets, au moment du départ à la retraite d’Unseld. Comme d’habitude Unseld explique que son but est uniquement d’aider sa franchise : « Je suis un Bullet. J’ai toujours été un Bullet, et je serais toujours un Bullet. ».

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Unseld parvient un peu à redresser la barre, et affiche un bilan de 30-25 sur la fin de saison, ce qui permet d’accrocher une qualification pour les Play Off. Malgré tout ses débuts ont été mouvementés. Peu après sa nomination, il est à 2 doigts de se battre avec Manute Bol à la mi-temps d’un match à Chicago. Avant le match, le nouveau coach avait demandé à son pivot géant de faire attention à ne pas tenir la balle trop bas pour ne pas se la faire voler. Deux fois Bol n’a pas suivi ce conseil, deux fois Michael Jordan a intercepté. Unseld ne lui a pas laissé de troisième chance, et a rappelé son joueur sur le banc extrêmement énervé. A la mi-temps de retour dans les vestiaires le ton monte, et ce sont les autres joueurs qui doivent séparer les 2 protagonistes. Manute Bol sera tradé dès la fin de la saison, et bien qu’Unseld dira que cela n’a aucun rapport avec cet incident, on peut supposer que cela ait quand même joué. Le coach Unseld est resté fidèle à qui il était lorsqu’il était un joueur. Quelqu’un de franc, qui ne supporte pas que chacun ne fasse pas face à ses responsabilités, ou prenne des boucs émissaires. Il était donc totalement honnête avec ses joueurs, direct, et commencer toujours par critiquer les stars de son effectif lorsque quelque chose n’allait pas.

Le bilan de sa période coaching est assez nuancé. Unseld pris place sur le banc 6 saisons complètes par la suite, et lors d’aucune de celles-ci il n’obtint un bilan positif, ou une qualification pour les Play Off. En 7 saisons, son bilan global sera de seulement 202 victoires pour 345 défaites. Pour autant il est extrêmement respecté par ses pairs qui considèrent que lorsqu’il aura de bons joueurs sous ses ordres, il gagnera. Jimmy Lynam, le coach des sixers, explique qu’il pouvait voir que les joueurs des Bullets avaient envie de jouer pour leur coach tous les soirs, et qu’on ne pouvait rien demander de plus à un coach que d’avoir son équipe prête à jouer pour lui, et à jouer dur. Cette vision est confirmée par le fait qu’il ait obtenu 4 votes pour le titre de coach de l’année en 1989 malgré un bilan négatif, et également par le fait qu’il soit passé tout proche d’être assistant coach de la fameuse Dream Team envoyée à Barcelone en 1992 (le poste est finalement allé à Lenny Wilkens), mais à l’époque tout le monde pensait qu’un jour Unseld serait le Head Coach de la sélection olympique.

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Au niveau de son coaching, on garde de lui l’imagine d’un coach ayant réellement formé une équipe, et comme à son habitude réalisé le maximum avec ce qu’il avait à disposition, mais également d’un coach formateur. Il a mené 2 de ses joueurs au titre de MIP, Harvey Grant, puis Pervis Ellison, ce dernier ayant été complètement transformé par son mentor. Un soir, après une défaite face aux Knicks de Patrick Ewing, Unseld est allé voir Ellison pour lui parler, et lui a demandé d’arrêter de vouloir être le meilleur joueur sur le terrain, mais de tâcher d’être le meilleur à son poste. Par la suite il l’a pris sous son aile, il l’a aidé aussi bien au niveau du jeu en lui apprenant notamment l’art de la passe pour déjouer les prises à 2, qu’au niveau de l’à côté basket en le conseillant par exemple sur son alimentation. Finalement Ellison est devenu l’un des seuls intérieurs à pouvoir rivaliser avec les monstres qu’étaient Olajuwon, Robinson, ou Ewing. Unseld l’avait transformé en joueur altruiste, combattant, confiant, il lui répétait sans cesse qu’il n’y avait pas de bonne soirée pour un pivot. Malheureusement Ellison fut très rapidement coupé dans son élan par de graves blessures et resta par la suite un espoir déchu.

C’est Unseld lui-même qui quitta son poste à la fin de la saison 1994 lorsqu’il considéra qu’il n’était plus la meilleure chose qui pour cette équipe. Il expliqua que : « la chose la plus dure dans ma vie a été de coacher les Bullets. Mais j’avais des joueurs avec qui j’adorais passer du temps, j’adorais aller travailler même si je n’arrivais pas à trouver un moyen de gagner des matchs pour sauver ma tête. ». Unseld se retirait de son poste d’Head Coach, mais pas de la franchise des Bullets puisqu’il devint par la suite General Manager de la franchise.

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En dehors de sa franchise de cœur et du basketball, Wes Unseld est quelqu’un de très engagé au niveau sociétal. Il a beaucoup œuvré dans le projet de sa femme, Connie, d’une "école alternative" ayant pour but d'éviter que les jeunes aillent se perdre, tournent mal ou se détruisent. Il a eut avec elle 2 enfants, une fille Kimberley, qui est professeur dans l'école de sa mère, et un fils Wes Unseld Jr, qui a fait parti pendant 14 ans du staff des Wizards. En dehors du projet de sa femme, le natif du Kentucky est également très engagé dans différentes associations, membres de plusieurs œuvres de charité, et organise régulièrement des galas dans le but de récolter de l’argent pour une association aidant les jeunes de Whasington à accéder à une bonne scolarité. Comme un symbole c’est le joueur qui a le reçu le premier Walter Kennedy Citizen Howard de l’histoire en 1975. Ce trophée récompense les joueurs qui s’investissent le plus pour aider la communauté, et les populations dans le besoin. Ce trophée représente parfaitement un homme qui avait la même philosophie sur et en dehors des parquets. Faire passer les autres avant soit, et se donner corps et âme pour les aider.
Chicago needs Sam Hinkie.

Sam D.

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Re: Partie IV : Bullet Forever

Post by Sam D. » 14 March 2016, 16:47

Merci pour cet immense boulot, qui permet de découvrir un sacré joueur, souvent trop oublié, peut-être à cause de ses stats "pas extraordinaires".
Grand joueur, dans une grande époque. Quand on sait qu'Unseld n'était même pas allstar en 1970, l'année suivante de son ROY/MVP, alors qu'il tournait à 16-17-4 de moyenne... :o Les intérieurs à l'Est pour ce ASG étaient Willis Reed, Billy Cunningham, Abdul-Jabbar, Dave DeBusschere et Gus Johnson. Soit 5 hall of famers, juste à l'Est, juste à l'intérieur :D
Joel Embiid : "Whatever happens happens. If something happens, something happens."

Xarphios

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Re: Partie IV : Bullet Forever

Post by Xarphios » 14 March 2016, 17:25

D'ailleurs lors de sa saison sophomore que tu cites, il n'est pas All Star alors qu'il possède de "meilleurs" statistiques que la saison d'avant où il est MVP !
Chicago needs Sam Hinkie.

nunu

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Re: Partie IV : Bullet Forever

Post by nunu » 14 March 2016, 18:17

Un de mes joueurs favoris sans même l'avoir vu jouer. Merci de lui rendre hommage. Sa coupe de cheveux déja était mythique. Un des joueurs les plus sous cotés de l'histoire.
Washington Mystics-BLMA

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