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Partie III : La quête du Graal

Posted: 14 March 2016, 14:42
by Xarphios
La quête du Graal



Wes Unseld vient d’être élu meilleur joueur de la ligue par ses pairs, mais tout ce qui l’intéresse, c’est faire gagner son équipe et aller décrocher le titre suprême. Seulement pendant longtemps un même adversaire se dresse en travers de son chemin. Les Knicks de New-York et leur pivot star Willis Reed. Ceux-ci les ont déjà éliminés sans perdre un seul match lors de la saison rookie d’Unseld, et les 2 équipes se rencontreront également lors des 5 post-saisons suivantes. En 1970, malgré l’arrivée remarquée d’un certain Lew Alcindor chez les Bucks de Milwaukee, les Bullets confirment leur belle saison passée en allant arracher le 3ème bilan de leur conférence, et une nouvelle qualification en Play Off. Les pensionnaires de la ville de New-York se dressent à nouveau sur leur route. La perte du premier match en double prolongation, puis du second, laisse présager un destin similaire à celui de l’année passée, et confirme surtout l’incapacité de la franchise des Bullets à être performante en Play Off, puisqu’ils restent sur 11 défaites consécutives. Mais Unseld est un soldat, et il refuse de se laisser marcher dessus comme ça, et lors du match 3 il attrape plus de rebonds que toute l’équipe des knicks réunie. Le tout en étant extraordinaire en défense sur son vis-à-vis. Willis Reed vient de réaliser une saison magnifique, il sera d’ailleurs nommé MVP peu de temps après cette série, et lors des 2 premiers matchs il a continué sur les mêmes bases. Mais ça c’était avant qu’Unseld ne fasse de lui son objectif personnel. Résultat, même lorsque son équipe marque 114 points, lui est limité à 14, il se fait dominer au rebond, et se fera maltraiter comme personne n’avait réussi à le faire lors de la saison régulière durant tout le reste de la série. Les Bullets réussissent à remonter et s’offrir un Game 7 à New-York. Ce soir là Unseld donna encore une fois tout son corps pour tenter de stopper Reed. Il réussi, mais cela consomme toutes ses forces, et il n’est pas capable de faire plus que des écrans et des passes de l’autre côté du terrain. Il ne tente qu’un seul tir de tout le match et voit ses coéquipiers dépassés par le reste de l’équipe de New-York qui arrache la victoire 127-114. Ils avaient une nouvelle fois échoué. Mais cette fois ils avaient quasiment fait jeu égal face au futur champion NBA, qui allait arracher son premier titre face aux Lakers du trio West-Baylor-Chamberlain, au terme d’un nouveau Game 7 qui verrait l’homme aux 100 points réaliser un affreux 1 sur 11 sur la ligne des lancers.

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La saison suivante, les Bullets et Unseld en tête sont bien décidés à enfin réussir à passer l’obstacle Knicks. Ils démarrent leur campagne de Play Off face aux Sixers de Philadelphie. Hal Greer n’est plus tout jeune, mais Cunningham et Clark sont là pour le soutenir, les Bullets doivent attendre le match décisif pour se qualifier. Les voilà enfin en finale de conférence, où se dressent à nouveau Willis Reed et ses coéquipiers en face d’eux. La série suit le même déroulement que celle de la saison passée. Les Bullets perdent le premier match d’un point, puis le second, reviennent à égalité, et remportent le droit d’aller disputer un Game 7 décisif au Madison Square Garden. Sauf que cette fois le miracle se produit. Les Bullets réussissent à éliminer les champions en titre, chez eux, lors d’un match 7. Hélas ils ne sortent pas de cette série indemne, et lors de la finale les 3 meilleurs joueurs de l’équipe arrivent blessés. Gus Johnson manque 2 matchs et joue les autres diminué, Monroe et Unseld serrent les dents, mais au final c’est très insuffisant pour pouvoir résister aux Bucks d’un Lew Alcindor déjà stratosphérique, et de son lieutenant de luxe Oscar Robertson. L’équipe du Wisconsin remporte le premier titre de son histoire en 4 matchs avec un écart moyen de 12 points. La saison 1971-1972 n’est pas synonyme de bons souvenirs pour les Bullets. Earl Monroe a réalisé une petite trahison en partant chez le rival New-Yorkais, les Bullets se qualifient pour les Play Off malgré un bilan négatif, et bien évidemment ils y retrouvent les Knicks. Mais chaque équipe a son infirmerie complètement remplie, et au final les Bullets perdent la série 4-2 avec le sentiment qu’il n’y a pas vraiment eut de série.

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L’été 1972 marque un tournant dans l’histoire de la franchise. Le Front Office pense que pour pouvoir enfin gagner ce titre tant attendu, il doit apporter une seconde star à Unseld. Et il y en a une de disponible. Elvin Hayes. Le joueur des rockets, qui viennent d’emménager à Houston, ne se sent pas bien dans sa franchise, les relations se passent mal avec ses dirigeants, il joue pivot alors que lui aimerait être positionné au poste 4, et malgré le fait que le joueur pose des statistiques tout bonnement exceptionnelles, la franchise peine à gagner des matchs et n’a plus connu les Play Off depuis sa saison rookie. Et le voilà donc qui vient poser ses valises à Baltimore. C’est un énorme risque que prennent les dirigeants, Hayes est connu pour son caractère détestable, et il représente l’exact opposé de leur star Wes Unseld. Le vestiaire peut exploser à n’importe quel moment. Et cela faillit arriver avant même le début de la saison.
Le propriétaire de la franchise décide d’amener tous les membres de la franchise en voyage en Chine. Unseld est bien évidemment ravi, lui qui est curieux de tout, qui veut sans cesse découvrir de nouvelles choses, et qui est on le rappelle un grand fan d’histoire. Mais l’histoire, les autres civilisations, tout cela Hayes ne s’y intéresse pas. Il passe son séjour à se plaindre qu’il n’y ait pas de McDonald’s dans les environs, et commande des burgers à chaque repas. Unseld ne comprend pas, lui qui au contraire cherche à goûter un maximum de choses et qui est ravi de se plonger dans les coutumes locales. Il ne cesse de se demander : « Mais pourquoi venir en Chine si c’est pour manger du bacon et des œufs ? ». Mais justement Hayes ne voulait pas venir en Chine, et il va bien le faire comprendre. Alors que tout le groupe part en expédition pour visiter la fameuse muraille de Chine, au moment de commencer Hayes refuse tout simplement de descendre du bus (l’histoire ne dit pas si cela a inspiré une autre équipe d’un autre sport en Afrique du Sud bien des années plus tard). Le propriétaire de la franchise, Abe Pollin, qui considère Unseld comme son fils, est choqué d’entendre un joueur tout juste arrivé dans la franchise dire devant un monument historique comme celui-ci que « des grands murs, [il] en [a] déjà vu ». Unseld rempli de bonne foi tentera d’aller lui expliquer à qu’il ratait quelque chose d’exceptionnel, que c’était un monument unique, le seul que l’on pouvait voir depuis l’espace. Il eut pour seul réponse « Je ne suis jamais allé dans l’espace. ». Monsieur Pollin a été tellement énervé par ce comportement, qu’il fut à 2 doigts de se débarrasser d’Elvin Hayes, et qu’il n’a plus jamais ramené une de ses équipes en voyage.

Après cet été mouvementé, débute une nouvelle saison NBA. Si les relations entre Hayes et le reste de la franchise sont difficiles, le résultat sportif n’est pas non plus convaincant. Hayes ne pense qu’à ses statistiques, et en conférence de presse il lance annonce fièrement : « Je suis un All Star. N’attendez pas de moi que je fasse des passes. » La greffe a du mal à prendre, les Bullets n’obtiennent que le 5ème bilan de la ligue. Ils se présentent au premier tour des Play Off face aux knicks remplis de doute, et ce n’est pas l’élimination en 5 matchs qui arrange les choses. Durant l’intersaison, les Bullets déménagent de Baltimore pour se diriger vers la capitale, ils deviennent les Capitals Bullets pour 1 an avant de prendre le nom de Washington Bullets. KC Jones est nommé entraîneur de l’équipe afin de tenter de lui apporter sa culture de la gagne. Malheureusement Unseld passe la saison gêné par son genou, il manque 26 matchs et joue les autres blessé. Il ne se plaint jamais, ne montre jamais qu’il souffre malgré le fait que l’arthrose (et il n’a pourtant que 28 ans) ne le laisse jamais en paix. Il ne reste sur le banc que lorsqu’il n’est même plus capable de tenir debout. Il inspire du respect, de la confiance, et de l’admiration à tous ses coéquipiers.
L’un d’eux, Stan Love, dont la carrière n’a pas marquée l’histoire de la ligue, a été tellement fasciné et inspiré par Unseld, que lorsque son fils est né le 7 Septembre 1988, il lui a donné Wesley (sans le t) comme second prénom en hommage. Ce fils a suivi les traces de son père et s’est rapidement intéressé au basket, et l’un des premiers mouvements que Stan lui a appris est la fameuse Outlet pass d’Unseld. On peut supposer qu’il a été un bon professeur, puisqu’on peut aujourd’hui voir Kevin Wesley Love envoyer des passes dignes d’un quaterback pour ses coéquipiers des Cleveland Cavaliers. Malgré le fait que ce soit tout 2 des intérieurs, leurs styles de jeu sont aux antipodes, mais ils sont unis par 2 choses. Ce prénom, et cette formidable capacité à lancer une contre attaque dès la prise d’un rebond défensif.
Malheureusement ce n’est pas le respect qui permet aux Bullets de passer l’obstacle Knicks, et ces derniers les éliminent encore une fois au premier tour en 7 matchs. A l’issu de cette saison Willis Reed, Dave DeBusschere, et Jerry Lucas prennent leur retraite, mettant fin à une magnifique rivalité. En 6 saisons, les 2 équipes se sont rencontrées 6 fois en Play Off, y ont joué 36 matchs l’une contre l’autre, dont 3 matchs 7 décisifs.

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C’est la 3ème saison du duo Unseld-Hayes qui va démarrer, et pourtant la cohabitation ne se passe toujours pas mieux, les 2 hommes continuant de se détester. Mais sur le terrain on sent une amélioration. Les Bullets remportent leur division pour la 5ème fois consécutive, et ils atteignent la barre des 60 victoires. Les 2 joueurs commencent à trouver leurs marques, Kevin Porter fait un remarquable travail pour tenter de mettre Hayes dans de bonnes dispositions, et les Bullets arrivent en finale NBA après avoir éliminé tour à tour les Buffalo Braves et les Celtics de Boston. Entre eux et le titre tant rêvé il n’y a plus que les Warriors de Golden State. Ceux-ci ont remporté bien moins de matchs sur la saison régulière, mais ils possèdent dans leur rang un joueur d’exception en la personne de Rick Barry. Et comme lors de la première finale des Bullets 4 ans plus tôt, le score est sans appel, ils se font balayer en 4 matchs. Les Bullets n’y arrivent pas, le propriétaire de la franchise cherche des solutions, et au début de la saison 1976-1977 il décide de remplacer KC Jones qui laissait selon lui trop de libertés aux joueurs, par Dick Motta qui a la réputation d’être un homme de fer.

A l’orée de la saison 1977-1978, Motta pense qu’il faut rééquilibrer l’équipe et fait signer l’ailier Bob Dandridge. De plus avec l’aide de son pivot il parvient à faire comprendre à Hayes que s’il veut être considéré comme un des meilleurs joueurs de l’histoire, il doit tout faire pour remporter un titre. Il faut croire que cette discussion eut l’effet escompté puisque cette saison là, sans pour autant que les 2 joueurs ne deviennent amis hors du terrain, on pu voir une réelle complicité sur le terrain. Ils se complétaient. Enfin. Hayes faisait ce pour quoi la franchise l’avait fait venir de Houston, et Unseld faisait ce qu’il savait faire de mieux. Les Bullets éliminent tour à tour les Hawks et les spurs, les voilà en finale de conférence et un coup du destin va venir les aider. Durant la série face aux Sonics Bill Walton se blesse. Sans son MVP de la saison régulière, le champion en titre et détenteur du meilleur bilan de la ligue se fait sortir en demi-finale de conférence. C’est l’année ou jamais pour les Bullets. Mais ils doivent déjà faire face aux Sixers de Julius Erving. Wes Unseld est à nouveau embêté par ses genoux et manque 3 matchs, mais cette fois Hayes est capable de le suppléer, et les Bullets se qualifient pour la finale en 6 matchs. Les voilà pour la 3ème fois en finale NBA, mais avec un tout nouvel état d’esprit. Unseld le compétiteur a trouvé son pendant avec son coach, et Dick Motta ne cesse de motiver son équipe, leur rappelant sans cesse de ne jamais lâcher car rien n’est jamais perdu, il affiche même dans le vestiaire la phrase « L’opéra n’est pas fini tant que la grosse dame chante ».

Les Bullets perdent le premier match, ce qui énerve profondément Hayes. En conférence de presse il met cette défaite sur le dos d’Unseld, en expliquant qu’à cause du fait qu’il ne sache pas shooter les adversaires font l’impasse sur le pivot, et que lui se retrouve du coup constamment avec des prises à 2 ce qui l’empêche d’être efficace. Il demande à ce que le pivot remplaçant de l’équipe Mitch Kupchak (le célèbre et actuel dirigeant des Lakers) ait droit à plus de temps de jeu, car « lui il sait shooter ». Sachant pertinemment qu’il ne serait pas bon de commencer une guerre ouverte en plein milieu de finales NBA, Unseld tente d’éteindre l’incendie en expliquant qu’il n’a pas de problème avec son coéquipier, que le seul Elvin Hayes qui compte c’est le joueur de basket, et que c’est l’un des tous meilleurs. Après cette défaite initiale, chaque équipe remportera un match chacun son tour, conduisant à un match 7 décisif dans la salle des Sonics. Ce soir là Hayes sorti pour 6 fautes, et c’est Unseld qui permis à son équipe de l’emporter, profitant de l’horrible 0/12 au shoot de Dennis Johnson. Unseld est élu MVP des finals. Malgré le fait qu’Hayes présente des statistiques supérieurs, c’est autour du pivot que tout le jeu des Bullets a été centré, il a tenu l’équipe pendant qu’Hayes était exclut pour 6 fautes lors de 2 matchs, dont le dernier, il s’est occupé de la défense quasiment seul. Comme 9 ans plus tôt, il représente la parfaite incarnation du mot Valuable.

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Le Game 7 des finales 1978 :
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Cette victoire donne à la ville de Washington DC son premier titre de champion depuis le titre des Washington Redskinsen en 1942. C’était seulement la troisième équipe de l’histoire à réussir à gagner le titre lors d’un septième match à l’extérieur. Unseld déclara quelques temps plus tard : « J’ai rêvé pendant 10 ans de ce titre en me demandant comment je le célébrerais, et quand c’est arrivé j’étais tellement fatigué que je suis juste rentré et j’ai dormi. ».

La saison suivante, les Bullets obtiennent le meilleur bilan de la ligue grâce à un effectif inchangé. Pourtant les joueurs sentent une différence, et se rendent compte de la difficulté de réaliser un back-to-back (que personne n’a réalisé depuis les grands Celtics). Les joueurs ont l’impression de vivre une saison totalement différente, avec le sentiment que tout le monde en a après eux, qu’ils sont l’équipe à abattre. Hayes dira quelques années plus tard que tenter de défendre leur titre est la chose la plus dur qu’il ait fait de sa vie. En Play Off ils éliminent en 7 matchs Atlanta, puis San Antonio sur le même score, et se dise que l’histoire va se répéter lorsqu’ils affrontent à nouveau les Sonics en finale. Tout commence parfaitement puisqu’ils remportent le premier match, avec un Johnson qui passe encore une fois à travers. Mais c’est un grand joueur, et les grands joueurs réagissent. Il réalise ensuite 4 matchs de haute volée pour conduire sa franchise au premier titre de son histoire, et priver les Bullets d’un doublé qui les aurait fait rentrer un peu plus dans l’Histoire.


Quelques actions caractéristiques du jeu d’Unseld + d’anciennes légendes qui parlent de lui :
Désolé pour le son qui est très mauvais
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