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Les blogs de la rédaction

La NBA confrontée à la dictature du « temps de cerveau humain disponible »

Par  — 

NBA-TV-court-shot-medLa présaison de la NBA ne sert à rien. Ou presque…

Je sais… C’est le titre de ma dernière chronique. Celui qui débutait sur une remise en cause des rencontres amicales du mois d’octobre pour se conclure sur le véritable coeur du problème : la saison NBA, avec ses 82 confrontations avant playoffs, est trop longue.

L’article vous a fait réagir et donc, j’avais prévu de revenir sur certaines de vos remarques dans la section commentaires. Tant qu’il reste courtois, ce dialogue est non seulement bienvenu, il est aussi très agréable.

Mais voilà, entre temps, la présaison (on y reviendra) et la longueur du calendrier sont devenues le sujet de conversation principal des acteurs de la ligue. LeBron, Dirk, Parker et Jordan lui-même se sont exprimés sur le sujet.
Pas en réaction à mon papier bien sûr mais suite à la décision de la NBA de réduire la durée du match Celtics-Nets de dimanche dernier. Une rencontre de 44 minutes pour tester un nouveau format afin d’alléger la saison.

Alors voilà, au lieu de vous répondre en fin de mon précédant blog, après discussion avec Fabrice Auclert, GM de Basket USA, nous nous sommes dit que ce serait pertinent de revenir ici sur le sujet. Et, à la lumière des développements de la semaine dernière, de tenter de décrypter les raisons qui ont amené la NBA à se pencher soudainement sur le format de son championnat.

Quatre minutes de moins par match, c’est presque 7 matches supprimés sur une saison

Commençons par le positif.
Sur le papier, la suppression de 4 minutes de jeu apparaît comme une idée de génie. Qui répond partiellement aux problèmes de la saison sans fin. 240 secondes en moins par rencontre, c’est quasiment l’équivalent de 7 matches supprimés ! Et donc des joueurs à la condition physique préservée pour le moment le plus important de l’année : le début des playoffs.
Et puis pour le spectateur, elles garantissent un spectacle qui – une fois additionnés les temps-morts et la mi-temps – passe sous la barre des deux heures. Ce qui permet par exemple, de débuter le troisième match de soirée, celui qui se joue sur la Côte Ouest bien plus tôt. Au plus grand bonheur des téléspectateurs de la Côte Est où il est 3 heures plus tard. Retenez bien ce détail, il est crucial dans la réflexion des têtes pensantes de la NBA, j’y reviendrai un peu plus loin.

Donc, les 4 minutes en moins par match, tentées lors de la pré-saison – et qui seront surement expérimentées plus largement dans la D-League dès cette année – ont tout pour plaire.

Sauf que dans la réalité, elle ne servent à rien ou presque.
Pourquoi ? Parce que avoir des minutes en moins ne signifie pas des minutes en moins pour tout le monde.
Sans aucune incitation à restreindre leur temps de jeu ou a redistribuer plus également les minutes disponibles, les équipes vont continuer à faire jouer un maximum leurs vedettes. Celles là même que la NBA souhaite reposer pour les avoir en pleine forme au moment le plus important de son calendrier.
Et de fait, les premières victimes de cette réduction du temps sur les parquets seront les habitués du banc. Ce sont d’ailleurs eux qui sont les premiers montés au créneau. Ainsi, par exemple, C.J McCollum des Blazers n’a pas hésité a exprimer sa “haine” des 44 minutes. Expliquant que, in fine, moins de temps de jeu se traduira pour lui par un prochain contrat revu à la baisse.

Les stars joueront toujours autant

Ce manque à gagner pour des joueurs qui se battent déjà pour une poignée de minutes inquiète également les entraîneurs. Miami, Portland, Dallas… Ils ont été nombreux a expliquer leur malaise avec l’orientation prise par la NBA. Un coach est responsable de l’équilibre émotionnel d’un groupe. Et moins de minutes pour les remplaçants, cela signifie devoir gérer une nouvelle source de mécontentement et risquer faire face à un vestiaire démotivé. Un cauchemar.

Et les stars dans tout ça ? Celles qui devraient être les premières bénéficier du plan de la NBA ?
Disons qu’elles ne sont guère impressionnées. Et ont profité de l’occasion via LeBron ou Dirk pour mettre sur la table le vrai problème de la ligue : une saison régulière qui s’étire sur 82 rencontres dont une vingtaine de “back-to-back” et une ou deux fois par an, un terrible “quatre matches en cinq soir”.
La vaste majorité des joueurs préféreraient une saison plus courte. Qui serait un véritable avantage côté spectacle, avec des athlètes plus frais et une véritable tension, loin du ventre mou qu’est la NBA jusqu’en février.
Certes Michael Jordan a été LA voie discordante expliquant qu’il n’a jamais trouvé la saison trop longue.
Mais bon, non seulement il ne joue plus et, comme il l’avait déjà montré lors du lock-out, son coeur est désormais très clairement du côté des propriétaires. Dont une partie des revenus provient des ventes de billets ( qui sont partagés avec les joueurs) puis des boissons et repas achetés par le public lors des rencontres. Les mathématiques sont donc faciles : des rencontres en moins, ce sont des rentrées financières à la baisse.

Comme je l’expliquais dans mon précédent article, le public aurait aussi à gagner avec une saison plus courte, aux rencontres de meilleur niveau, au suspense plus prenant et aux playoffs plus serrés.
Mais voilà, la NBA est d’abord une machine à faire de l’argent. Et l’intérêt du public passe parfois au second plan. La preuve ? L’expérience de raccourcir le temps de jeu à 44 minutes ne s’est pas accompagnée d’une baisse proportionnelle du prix du billet. Après tout, les spectateurs auraient pu bénéficier d’une réduction de presque 10 % !

Entre les désirs des joueurs, vedettes ou pas, ceux de la NBA et ceux du public quelle est la solution ?

Ne rêvons pas, la NBA ne raccourcira jamais une saison à 82 matches

D’abord, une réalité : la saison ne sera pas raccourcie. Ni cette année, ni dans 5 ans.

Dans un univers ultra-concurrentiel avec la NFL, la NBA ne peut pas se permettre d’être absente des écrans et des esprits trop longtemps. Côté marketing et présence, la NFL a tout compris. Avec seulement 16 rencontres par équipe (19 pour aller jusqu’au SuperBowl) la ligue de foot US arrive à occuper le terrain presque toute l’année en plaçant ses événements hors saison (draft, combine, camps…) de manière stratégique.

Ensuite, la NBA vient de signer un énorme contrat de 24 milliards de dollars pour ses droits télé. Le contrat est pour une saison régulière de 82 matches et plusieurs tours de playoffs. Personne ne remettra en cause une telle source de revenus (dont les joueurs vont et veulent largement profiter)

Alors cela veut-il dire que hormis le raccourcissement des rencontres il n’existe pas d’autre solution?

Facile à supprimer, la présaison est l’outil de promotion numéro 1 de la NBA à l’étranger

Il y en a une toute simple. Défendue par Tony Parker et qui complète parfaitement ce que j’écrivais la semaine dernière : supprimer la présaison.

L’argument de Parker est logique : la plupart des joueurs profitent de l’inter-saison pour travailler et se préparer. Ils arrivent en camp dans une forme physique qui leur permettraient de débuter la saison sans passer par la case des rencontres amicales.
La saison débuterait donc début octobre et s’étendrait jusqu’au début du mois de juin. Ce mois supplémentaire de basket qui compte permettrait de mieux distribuer les rencontres et supprimer la plupart des back-to-back.

Génial, non ? Oui, sauf que la NBA ne cèdera pas là non plus. La présaison est devenue une vitrine pour vendre la marque à l’étranger. Et donc d’augmenter les revenus.

Et on revient donc à la case départ…

Du moins, à celle poussée subitement par la Ligue : raccourcir les rencontres de 48 à 44 minutes. Car la vérité est là, l’idée est une pure invention de marketing, née dans les couloirs dans la NBA sans l’appui ni la consultation des joueurs et des entraîneurs.

C’est Terry Stotts, le coach des Trail Blazers qui a lâché le morceau. Il raconte ainsi que l’été dernier, lors d’une rencontre entre la Ligue et les entraîneurs, ces derniers ont évoqué le problème de la longueur de la saison. En réponse, les cadres de la NBA ont parlé de la réduction du temps des matches : “ Ils ont juste dit que c’était une possibilité. On n’en a pas vraiment parlé. C’était du genre “ c’est quelque chose que l’on pourrait étudier”. Je ne savais pas qu’ils allaient l’essayer pendant un match de la présaison.”
La surprise de Stotts, alliée à celles de joueurs, s’inscrit en faux avec les explications de la ligue retraçant la genèse des 44 minutes à un échange avec les entraîneurs, et à une idée de… Rick Carlisle.

Pourquoi tant de précipitation de la part de la ligue ? Tout simplement parce que la NBA se retrouve les mains liées par l’ampleur de son contrat télé.

Un match NBA doit devenir un programme TV comme un autre, d’une durée de deux heures

On l’a vu, ce dernier ne permet pas de revenir sur le nombre de rencontres. Mais il y a autre chose.
Depuis des années, les responsables des programmes poussent pour un temps d’antenne mieux encadré.
A l’heure actuelle, les matches de 48 minutes se traduisent par une diffusion de 2 heures et 15 minutes. Bien inférieur au temps d’antenne d’une rencontre de la NFL ou de la MLB, il reste néanmoins un casse-tête pour les chaînes de télé préférant les “slots” à l’heure ronde.
Passer à 44 minutes, permet de tenir un match sous les 2 heures. Et donc de faciliter la mise en place des programmes qui suivent la retransmission.

Mais la décision n’est pas que pratique, elle est aussi directement liée à l’audience des rencontres. D’abord – souvenez vous – pour que les fans des Celtics, des Knicks, des Bulls ou des Nets restent jusqu’au bout des rencontres à l’extérieur face aux équipes de la Conférence Ouest. Comment ? En raccourcissant le temps d’antenne du – ou des matches – qui le précède. Ainsi un Lakers-Knicks ne débutera plus à 22 heures, heure de New-York mais possiblement à 21:30. Assurant un plus grand nombre de téléspectateurs devant TNT.

Et ce n’est pas tout.

Les chaînes TV doivent rentabiliser les 24 milliards investis dans la NBA

Depuis quelque temps, la durée des rencontres est au coeur de la réflexion des distributeurs, des annonceurs et donc des ligues sportives. La MLB et ses interminables retransmissions de plus de 3 heures est ainsi devenue la première victime des nouvelles habitudes du public qui n’a plus le temps disponible – ni l’envie- d’être passivement installé devant son écran pendant de si longues périodes.

Ces dernières années, le taux d’attention – les publicitaires parlent de taux d’engagement – s’est sérieusement raccourci, concurrencé par le temps dévoué aux réseaux sociaux et autres produits concurrentiels sur le net. Il est pourtant la clé de voûte de tous les contrats télé sur les droits sportifs. C’est lui qui définit le temps que nous passons devant un événement et donc notre exposition à la publicité. Et plus nous sommes “engagés”, plus le produit devient attrayant pour les diffuseurs et les annonceurs. Les plus anciens d’entre vous se souviennent ainsi de l’expression « temps de cerveau humain disponible » inventée et popularisée par l’ancien patron de TF1 en 2004. Dix ans plus tard, rien n’a changé, et les télévisions utilisent leurs programmes, et donc la diffusion de la NBA, comme une activité qui permet de mieux rendre « disponible » le cerveau humain aux messages des annonceurs.

La décision de subitement débuter l’expérience des 44 minutes, et le refus de raccourcir la saison sont liés à l’avenir économique de la NBA. Afin d’assurer ses milliards de revenus, la ligue est dans l’obligation de livrer un produit qui correspond aux désirs des diffuseurs et aux envies des spectateurs : un format resserré et au rythme soutenu (d’où la disparition d’un temps mort).
Un produit qui assure que le fan de basket reste devant sa télé à consommer presque autant de publicités que de temps de jeu.
Bon appétit !

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